vendredi 25 juillet 2014

Dans le Pacifique nord

Sur les traces du Duke
Nous arrivons sur l'île d’Hawaï depuis Nouméa via Sydney. Qantas nous a transporté tout du long avec un service parfait. Il faut bien l'avouer, c'est le cœur gros que nous quittons le caillou calédonien. Nous posons rapidement nos tongs sur l'île d'Oahu, à l'aéroport international d'Honolulu. Privilège de franchir la ligne de changement de date, nous étions partis le dimanche de Nouméa en fin de matinée et nous sommes arrivés le même jour en ce même début de matinée après deux vols successifs de près de 16 heures.



 Waikiki depuis Diamon Head


Les formalités d'entrée sur le territoire américain sont facilitées par le sourire de l'agent des douanes. Japonais d'origine, il nous raconte, sur fond de chemise hawaïenne, son dernier séjour en France. Nous débarquons enfin à l'air libre. Aymeric peut fumer une cigarette dans une zone réservée d'où il regarde passer les limousines interminables. 

 Merci à toi Duke
Nous avons finalement réservé dans l'auberge de jeunesse de l'université. L'endroit est tranquille. L'absence de monde rend la vie plus facile. Nous partons pour la découverte des hauteurs de Waikiki. Après être passés devant une église pentecôtiste, puis mormone, nous finissons, sous un arbre, à regarder les joueurs de base-ball du dimanche qui s'entraînent. Épuisés, nous nous endormons à même la pelouse. Nous nous réveillons trop tard pour atteindre notre but. Penauds, nous nous endormons chacun sur notre lit dans deux chambres séparés. 



 Quand les vagues rencontrent le récif

Et oui, les dortoires ne sont pas mixtes. Anso et Cyril en feront aussi l'amer expérience. Le veilleur de nuit de l'auberge, fan du quartier de Castro à San Francisco, nous explique les règles strictes de l'endroit. Nous dînons dans un restaurant japonais avec une amie d'Olga. Elle nous raconte ses recherches scientifiques sur l'océan et les subtilités de la vie hawaïenne. Première découverte enrichissante.
 
N'oublions pas qu'Obama est né à Hawaii
Skyline océanien
Le lendemain, nous partons en exploration au Diamon Head qui offre une vue carte postale sur le skyline de Waikiki. Le chemin pour accéder au panorama est très sécurisé. Nous sommes sur une ancienne base militaire américaine. Les postes d'observation sont directement creusés dans la roche. Le soleil nous brule la peau. Nous observons nos premières vagues et l'est de l'île. Nous finissons notre journée sur la plage de Waikiki à traînasser sur la Kalakaua Avenue en plein centre ville. Nous passons au pied de la statue de Duke Kahanamoku, le pionnier du surf moderne.
 Alahoa Anso
Le soir même, nous retrouvons Anso et Cyril à l'aéroport d'Honolulu. Ils viennent de parcourir la moitie de la surface du globe pour venir nous voir, ici à Hawaï, en plein milieu du pacifique nord. Nous les enlaçons de colliers de fleurs. Ils viennent juste de terminer un long week-end à San Francisco à vagabonder entre les quartiers et les homeless qu'ils ont croisés en masse à Tenderloin, le quartiers des paumés de la ville. L'expérience les a bien terrorisés. En aucun cas, ils ne souhaitent revivre de telles mésaventures.

 La fine équipe au grand complet 
Nous filons directement chez Avis (prononcé é-viiiiice à la mode us) pour récupérer la voiture de location. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, Cyril est au volant d'une berline automatique et se lance sur la highway en direction de Waikiki. Un peu perdus dans cette forêt de buildings, nous nous extrayons de l'artère la plus en vue pour retrouver la route de l'université, puis celle de l'auberge de jeunesse. La plage s’allonge autour d'une succession d'immeubles denses et imposants où une esthétique très années soixante-dix se distingue avec plus ou moins de finesse. Pour l'anecdote, il est très facile de trouver, en plein centre ville, un lieu pour vider son chargeur d'AK45, de M16 ou de magnum 357. 


 On the beach
Nous partons admirer les vues depuis les hauteurs de Waikiki, au-dessus de l'université. Les nuages sont bas, la végétation touffue, la chaleur très humide. Les rangées d'immeubles de près de 100 mètres de haut dominent des séries de vagues qui défilent dans des formes parfaites. Nous filons vers la baie d'Hanauma, puis sur la côte est. Nous visitons une réplique d'un temple japonais qui témoigne de la force de cette communauté, première minorité locale de l'île. Nous lézardons sur la plage avant de s'extasier devant l'île de Mokoli en forme de chapeau chinois. A l'intérieur de l'île, les forets d'arbres tropicaux s'accrochent sur des pentes raides et volcaniques. 
Temple japonais
Cyril prend ses habitudes avec la ronronnante boîte automatique de notre Ford. Anso s'enchaîne les cafés aux noms improbables dans tous les Starbuck que nous croisons. Pendant toute notre promenade, une pluie alterne avec de véritables attaques solaires. Nous allons rapidement apprendre le caractère philosophique du proverbe hawaïen. No Rain. No Rainbow. Pas de pluie. Pas d'arc-en-ciel. Pas de larmes. Pas de bonheur. Nous finissons notre journée à boulotter des sushis et des brochettes japonaises.



Hanauma Bay

L'identité polynésienne est peu présente sur l'archipel d’Hawaï. Un grand métissage a, plus ou moins, relégué la vie à la tahitienne au rang de folklore à "rentabiliser". On en est déjà à la deuxième, voire la troisième ou quatrième génération, d'anciens américains du continent installés sur le north shore. En surf, les hawaïens ressemblent maintenant bien plus à des californiens blancs qu'à des "demis" tropicalisés
 Ukulélés pour les gagnants 
A l'assaut du north shore
A notre retour de l'île de Kawai, grâce à notre nouvelle berline, et les connaissances de Cyril, nous aurons l'occasion d'assister aux compétitions de surf de fin d'année. La fameuse triple crown compte trois titres : le Reef hawaian pro à Halaiwa, les Pipe masters à Pipeline et la Vans cup à sunset beach. Sous nos yeux, Sunny Garcia, ancien champion du monde, remporte la mise chez les vétérans. Un français, de Polynésie, remportera le premier trophée chez les pros. 


 Sunny termine premier
La veille, un américain s'est tué sur les big waves d'Alligator. Son corps reste introuvable pendant plusieurs jours. Les hélicoptères patrouillent dans l'espoir de le retrouver. Nous posons nos quartiers dans un state park posé sur la côte, près des compétitions de surf. Nous prenons le plus grand soin à planter nos tentes le plus loin possible de l'océan. La surprise nocturne de Kawai nous tourmente encore.
 On the wave
Le soir venu, les boss du coin sortent de leurs immenses maisons du bord de mer, surfs à la main, pour taquiner backdoor. Le spectacle est incroyable. Il s'agit du premier vrai "swell” de la saison d'hiver. Les stars de la place, notamment le fameux John-John Florence, enchaînent les tubes énormes. Les photographes posés en plein soleil ciblent leurs clients du jour qui affrontent des masses d'eau de plus de cinq mètres de hauteur. 



 Cyril dans ses œuvres
Un kamikaze attaque les vagues en body-surf. D'autres la jouent plus tranquille en morey boogie. Des photographes casqués tentent de filmer au cœur même des vagues. Un véritable gang des vagues opèrent pour limiter l'accès à la vague aux seuls locaux. Dur. Dur pour les autres. Un spectacle rare sur une plage superbe à l'heure du couché du soleil. 

 Maison tendance sur pipeline
A part à Waimea bay, il fut difficile de nager dans cette eau déchaînée. Nous récupérons sur le sable des morceaux de planches détruites par la violence de l'eau. Des californiennes alpaguent le surfeur. Il est interdit de fumer. Chaque marque de surf possède sa maison en bois en bord de mer. Nous sommes à Hawaï devant la plage de pipeline.

Il peut avoir de la casse
Le lendemain, loin de la tempête des jours précédents, nous réussissons à jouer dans l'eau en plongeant sous les vagues. Rassasiés après notre passage au market local, nous regardons Cyril surfer de belles vagues. Journées normales sur le north shore. Nous devenons inconditionnels du surf.

 A deux pas de Waikiki

L'île des Pins, le paradis le plus proche du paradis

Après notre journée marathon de la veille, nous sommes obligés de nous lever aux aurores pour prendre dans les temps le Betico, le bateau qui fait la liaison régulière entre le port de Nouméa et l'île de Pins. Gentiment, Béatrice nous dépose en voiture à l'heure dite. Nous prenons place sur le pont qui commence déjà à se couvrir d'une grande luminosité. Rapidement, nous observons un groupe de personnes avec une marque distinctive sur le plastron. Ils ont aussi tous un immense sourire collé aux lèvres. Ils semblent baigner dans une quiétude paranormale. Aymeric mène sa petite enquête. Il s'agit de Témoins de Jéhovah qui se réunissent pour un congrès de quelques jours à l'île des Pins dans la joie et la félicité. Une indication d’un paradis terrestre ?

Descente de bateau

Nous longeons toute la côte sud calédonienne, magnifique et impressionnante au passage de l'usine du sud. En milieu de matinée, nous voyons au loin de longs pins immenses qui semblent sortir du lagon et un énorme bateau de croisière. Peuplé d'australiens essentiellement, il va déverser son flot de toutou-ristes pour la journée. Nous n'arrêterons pas de les croiser sur la plage Nous parvenons enfin sur la terre ferme. Notre débarquement s'effectue à pieds avec nos lourds sacs sur le dos entre les échoppes trop chers qui alpaguent les étrangers de passage. Nous prenons la direction d'un camping sous les arbres et situé à deux pas de la baie de Kanuméra. Nous nous baignons tranquillement en profitant de la limpidité de l'eau et de la douceur des paysages. Nous visitons le vestige du bagne qui a accueilli tant de communards dont la vierge rouge. Après que avoir fait un brin de promenade avec une îlienne enthousiasmante, le coucher du soleil est hypnotique sur la baie des rouleaux.

Aymeric peste contre l'ordinateur portable qui vient de nous lâcher. Cela explique aussi que notre blog restera inactualisé pendant longtemps. Nous devons donc nous rendre au village pour envoyer un mail. Cela nous prendra près de cinq heures en tout après avoir consulté l'office du tourisme, l'épicerie locale, l'église dominant la mer, l'agence de voyage et des particuliers. Rien à faire, pas d'internet. Même la mairie nous renvoie dans nos pénates, l'agent à l'accueil nous racontant que les moyens matériels du maire ( ??!) ne peuvent être mis à la disposition du citoyen. Drôle de conception de la fraternité dans notre République chérie. Finalement, après un aller-retour en stop, nous finissons par envoyer gratuitement un mail depuis un des hôtels le plus cher de l'île. Nous effectuons aussi, sous un soleil de plomb, l’ascension du sommet local à travers un chemin non ombragé. La vue au sommet est dantesque. Nous dégustons.

Yooupi Upi

Malgré nos réticences, nous acceptons de partir en sortie pour la baie d'Upi sur une pirogue collective. Le vent est suffisamment puissant pour avancer sans moteur. Un vrai luxe. Nous évoluons entre des massifs rocheux posés au milieu de l'eau. Ambiance baie d'Halong. Le pilote n'est pas très causant mais assure une navigation de qualité. Nous retrouvons sur l’embarcation des grenoblois installés depuis peu en Calédonie, elle médecin, lui ingénieur minier. Au camping, ils avaient la veille pris Sabine pour Juliette, sa sœur ! Sur l’esquif, nous avons pris toutes nos affaires pour aller dormir dans un campement du bout du monde. Arrivés sur la terre ferme, nous marchons quelques temps avant d’arriver sur une piscine naturelle de toute beauté. Avec magie, elle se gonfle en fonction du niveau de la marée. Malheureusement, les touristes australiens créent une surpopulation très rapidement. Nous allons rester tellement longtemps dans cet endroit que nous finirons quasiment seules. Toute la populace partie, nous reprenons nos sacs et filons vers le camping. Aymeric souhaitait traverser la rivière à même l’eau en évitant le pont. Bonne idée sauf que Sabine se retrouve avec une coupure de corail sur le pied. Nous atteignons enfin notre lieu de campement.
Face à la mer, isolé, il est une invitation au voyage. Nous passons une soirée calme, notre tente posée entre deux cocotiers. Nostalgiques, nous allons devoir partir le lendemain. Sur le bateau du retour, nous croisons deux lyonnaises en voyage. Nous espérons bientôt les revoir. A Nouméa, Yves nous gatte une dernière fois d’une de ses spécialités culinaires, fruit de sa tradition familiale. Un vrai régale. Le lendemain, il nous accompagnera jusqu’à l’aéroport. Le top. Encore un grand merci à eux, et à tous les calédoniens croisés qui nous ont tous donné envie de revoir ce paradis bleu, même si l’on n’a malheureusement pas eu le temps, et nous le regrettons, de recroiser Raphaëlle et Jean-Charles. Ce qui est sur, c’est que l’on reviendra bien un jour, pour une installation qui sait, ou ne serait-ce que pour les Vanuatu.

dimanche 8 juin 2014

Magical Mystery Tour



Quelle tristesse de devoir quitter « notre » îlot ! Nous avons vraiment passé des jours enchanteurs en compagnie d’Yves et Béatrice qui nous ont accueillis avec la plus belle des hospitalités avec leurs familles et amis.

 Arbres et lagon
Ils ne nous restaient plus que quelques jours sur le caillou et le programme était vaste. Nous devions donc terminer à tout prix notre tour de Calédonie et réussir à nous extraire de cette parenthèse enchanteresse.

Nouveau départ

 Nous retrouvons notre voiture de location sur le parking gardé où nous l’avions laissée. Une meute de chiens nous suit jusqu’à notre véhicule. Aymeric ne fait pas le malin. Après quelques au revoir émus, nous (re)partons sur la route. 


Il y a en des centaines de kilomètres comme cela

Avant la nuit, nous devons absolument rejoindre le village de Pondimié. Nous traversons donc La Foa puis atterrissons à Bourail bloqué en centre ville par le tour de Calédonie cycliste. Pressés par le chronomètre, nous avons juste le temps de nous arrêter dans un émouvant cimetière militaire néo-zélandais pour se rappeler l’effort de guerre de l’Anzac. 


Recueillement

En effet, de terribles batailles se sont déroulées dans le Pacifique durant la seconde guerre mondiale. Nouméa a été une ville américaine en son temps. Nous prenons ensuite la direction du col des Roussettes. Le paysage est grandiose entre une terre orangé, voire presque rouge, et une végétation d’un vert intense. Nous traversons quelques villages peu habités à vitesse lente puisque notre véhicule se traîne un peu. Peut être est-ce le chauffeur en réalité. 



Ataraxie aquatique

Nous suivons le conseil d’Yves de saluer absolument toutes les personnes croisées. Nous avons droit à des échanges de sourires et de salutations à chaque fois. A hauteur de la fourche de Houaïlou, pour la première fois de notre séjour calédonien, nous rejoignons la côte orientale en prenant la direction du nord. Nouméa nous semble si loin maintenant.

Nuits dans la cocoteraie

La province nord commence à nous offrir ses charmes. Yves et Béatrice nous avaient conseillés un lieu de campement que nous retrouvons au bord de la route. Toute la famille du propriétaire se prépare à un mariage à venir. La coutume est en route et dieu seul sait à quel point elle est importante ici. Nous dénichons un havre de paix dans la cocoteraie. Le plus dur est de choisir un emplacement sécurisée car elle est immense.
 
 Le campement dans la cocoteraie

Nous sommes heureux d’être arrivés après ce long voyage en voiture. Dans une nostalgie déjà naissante, nous reparlons durant la soirée de ce séjour béni sur l’îlot. Nous veillons tranquillement entre la croix du sud, un café au lait et le sommet des centaines de cocotiers qui nous entourent. Le ressac de l’eau est notre pendule intérieur, notre horizon le bonheur. Nous sommes tout simplement heureux sous les australes.


Journées dans les salles obscures

Après un petit déjeuner face à la mer, le meilleur qui soit, et la lecture des Nouvelles Calédoniennes, nous nous dirigeons vers Ponérihouen, puis Poindimié. Nous avons repéré depuis un certain temps déjà l’excellent festival du cinéma des peuples, du doux nom d’ Ânûû-rû âboro qui a lieu en ce moment même. 

Baie de Hienghène

Sur deux sites différents, la salle des fêtes et l’hôtel de luxe du coin, nous aurons l’occasion d’assister dans de très bonnes conditions à de multitudes de films, plus intéressants les uns que les autres : la clef de la chambre à lessive (la vie dans l’allée d’un logement social en Suisse), un été avec Anton (la vie d’un orphelin dans un camp d’été militaire en Russie), une série de documentaires sur la Calédonie, le surréaliste Ambassadeur sur la Centrafique, un documentaire sur les accords de Nouméa, ou encore le touchant In the shadow of the sun sur la vie des albinos en Tanzanie.

 
Vers le sommet
 
Franchement, tous les films étaient très bons. Ce festival est top. Nous regrettons déjà de ne pas pouvoir regarder la totalité des films. Le samedi du soir, nous finissons le festival à l’hôtel devant un bon concert de reggae local. One love. Sabine se prend de passion pour le charmant réalisateur du film sur les albinos. Depuis que nous voyageons, nous avons toujours été amateurs de ce genre de festival de films. Nous avons déjà fait quelques uns sans jamais le regretter. Que du bonheur. Nous retrouvons le soir venu un camping tenu par un excellent javanais plein d’ingéniosité pour rendre son lieu le plus agréable possible.


 Un kayak sinon rien

Sur les terres de Jean-Marie Djibaou

 Notre voiture tient le choc du déplacement autour de l’île en survivant aux routes pas toujours parfaites mais au final tout à fait correctes. Déjà, se profile le nord du caillou et le basculement sur la côte occidentale. En attendant, il nous appartient de profiter de l’un des plus beaux sites naturels de Calédonie. A savoir Hienghène. Nous posons notre tente sur la célèbre plage du billet de cinq cents francs et partons en promenade. Nous admirons, du sommet de la montagne, la magnifique baie où surnagent la Poule et les îlots au loin. 


Dans la baie

Sur cette partie de la côte, il y a comme une double barrière récifale : une immédiatement collée au rivage, l’autre au loin à plusieurs centaines de mètres. L’éco-système est bluffant. La vue embrasse plusieurs vallées à la végétation touffue. Après avoir convoqué le ciel, nous croisons un couple où madame a eu une expérience bénévole en tant que professeur aux îles Marquises, puis maintenant ici.



Plage du billet de 500

Elle partage avec nous ses bons souvenirs. Nous nous baignons tranquillement sur la plage du billet des cinq cents au pied d’une roche mystique. Aymeric, trouvant l’eau trouble, écourte sa plongée. Sabine poursuit la sienne. Nous apprendrons plus tard qu’un homme s’est fait mordre au même endroit par un requin.



Elle n'a peur de rien

Toujours plus près du paradis

Le dimanche matin, nous sommes malheureusement contraints au départ. N’oublions pas que le mardi soir, nous devons rendre la voiture à Nouméa et que la route est encore longue. Le réservoir est presque vide mais notre carte routière annonce une station pour bientôt. Nous attendons des chants dans une église à la vue superbe. 


Cocotiers divins

Sabine, encore sonnée par la beauté des messes polynésiennes, souhaite s’arrêter. Légère déception quand même. Les chants ne résonnent pas de la même manière. Nous repartons plus rapidement que prévue. 


Bac à l'ancienne

Un bac plus tard, une halte s’impose à la cascade de Pouébo. En sortant de voiture, nous tombons sur un groupe de kanaks. Comme depuis le début du séjour, Aymeric fait la coutume en leur offrant un cadeau assez inespéré, un paquet de tabac « Bison » ramené du duty-free de Papeete, que les calédoniens fument aussi. En leur montrant, l’emballage écrit en tahitien le groupe reste admiratif pour leurs « frères tahitiens » et pratique en retour un excellent contre don. Aymeric est aux anges. 


 
Vision kanak

Nous passons ensuite devant une case perdue dans la végétation où résonne un son assez pur, puis empruntons le chemin qui mène à la cascade. La chaleur, pas encore trop lourde à cette heure de la journée, ne nous donne qu’une seule envie : arrivée au sommet pour se prélasser dans l’eau fraîche. Le chemin est très agréable et nous permet de sauter de dalles en dalles à l’ombre des plantes. Au pied de la cascade, nous évitons les écrevisses et plongeons dans un bain à la température idéale. 



Kanaky

Nous reprenons notre route et prolongeons jusqu’à Balade dans l’espoir de tomber sur une station service que nous attendons de pieds fermes. Elle vient de fermer ! Nous avons de quoi faire vingt kilomètres supplémentaires, c’est-à-dire rien. Nous sommes contraints de rester là sans savoir vraiment quoi faire. Aymeric est furax. « Ah, ces  !:;, : de stations calédoniennes » s’emporte-t-il. Sabine plus philosophe décide de trouver un endroit sympa pour se poser. La suite lui donnera plus que raison.



 En route pour l'aventure

Dans la mangrove

Nous prenons le temps de visiter Balade, ancien nom de la Calédonie, qui est l’un des premiers lieux de d’évangélisation catholique en Calédonie au début des années 1840. Une église trône encore et tous les villages des alentours sont devenus « saints » : Saint-Denis, Saint-Gabriel, Saint-Paul et Sainte-Marie. La première messe de l’histoire a eu lieu sous un banian ombragé à deux pas la mer. 



 Kayak d'eau douce

Auparavant, le capitaine Cook avait également séjourné dans le coin. Aujourd’hui, un monument rappelle avec émotion la volonté de quête identitaire kanak et « les ombres de la période coloniale », « même si elle ne fut pas dépourvue de lumière » (dixit l’accord de Nouméa). Visite effectuée, nous nous installons à l’entrée d’un éco-sentier qui devrait nous permettre de visiter la mangrove. Le lieu n’est pas très accueillant a priori et nous nous ne voyons pas partir bille en tête dans cette nature que nous ne connaissons peu et qui peut se révéler hostile. Aymeric, fébrile, est à deux doigts de rebrousser chemin quand arrivent au bout du chemin trois kanaks portant des kayaks. Le cours de l’histoire change radicalement.



 On n'oublie pas

Le hasard de nos déambulations en voiture, nous avait déjà permis d’aborder deux d’entre eux à un arrêt de bus. Nous leur avions demandé notre fameuse station service. En fait, venus de Canala, ils étaient là pour retrouver un de leurs amis qui, magie de la rencontre, était responsable des visites sur l’éco-sentier !

Inoubliables tropiques

Nous sympathisons puis Aymeric part avec Jean-Ba chercher deux nouveaux kayaks. Nous voilà maintenant équipés, nous partons dans le sentier. La marée est en en train de monter. Nos pieds commencent à s’enfoncer dans la boue. Nous passerons plus de deux heures à naviguer dans une forêt de palétuviers avec nos hôtes comme experts des lieux. Ils nous racontent l’histoire kanak et leurs points de vue sur la colonisation. Très instructif. Il nous rappelle que le peuple kanak est passé du bagayou (étui pénien) à l’i-phone 5 en moins de cent cinquante ans. Sacré perf !Nous finissons la journée, grâce au conseil de Jean-Ba, sur une aire de camping gratuit face à la mer et aux montagnes, accompagnés de nuit par un kanak, sans doute contrebandier de bananes, qui nous portera jusqu’à ce lieu improbable et difficilement trouvable par nos propres moyens. Un véritable don des dieux, notamment le coucher et le réveil !


 Haie d'honneur

Le lendemain, nous pouvons (enfin) nous rendre à la station-service et faire le plein. Rassurés, nous prenons le temps de nous baigner. Aymeric tombe sur le fameux tricot des mers et rebrousse rapidement chemin. La côte nord-est calédonienne est un enchantement. Juste avant Ouégoa, un point de vue dominant nous permet un panorama à perte de vue. Le lagon dessine ses courbes dans un nuancier de bleus. Devant le délai imparti, nous abandonnons l’idée de nous rendre à Pingam, le bout du bout, où nous devions nous offrir des homards célestes. Le temps restant ne nous le permet pas. 


Calédo de carte postale
 
Depuis Koumac, nous allons (re)descendre tranquillement la côte occidentale entre repas dans la brousse, baignades sur des plages quasi-désertes et visites instructives, entre une grotte et le musée de Bourail. Une dernière nuit sur une plage face à la mer nous rappelle notre condition de vagabond des mers du sud et notre retour prochain à la civilisation. Nous prenons conscience que ce voyage inoubliable est train de se terminer, que nous souhaiterions que cette vie soit éternelle et que la Calédonie serait un lieu de vie plus qu’appréciable. Un dernier bain dans le lagon à hauteur de la Foa constitue une halte joyeuse avant le retour sur Nouméa.


 Montagne sans nickel

A notre retour, Yves et Béatrice nous attendent sur le Bora, leur bateau en bois qui mouille dans le port de la Moselle. Ils nous avaient promis un repas calédonien et comme d’habitude, ils ont tenu parole : délicieux crabes de palétuviers (un malheur) avec sauce corail et les divines crevettes calédoniennes (les meilleures au monde) flambées au whisky. La classe.Que cela va être difficile de quitter ce paradis. Heureusement, il nous en reste encore un à voir. 


 Ultime lagon






Yves et Béatrice ont l'immense privilège de pouvoir disposer d'un bungalow familial sur un îlot du large. Et ils nous ont fait l'immense privilège de nous inviter à passer quelques jours en leur compagnie. Une version calédonienne du Château de ma mère et de la gloire de mon père.


L'îlot

Bonheur de vivre

Une fois, notre voiture de location en notre possession, nous partons en direction du nord pour retrouver tout ce beau monde. Le soleil est radieux. Le lagon annonce déjà des couleurs exceptionnelles. Nous garons les véhicules chez un local avant d'embarquer. Yves a prévu des rations pantagruéliques qu'il charge sur le bateau à moteur. 


Yves et le requin

Incontestablement, le séjour s'annonce gourmet. Nous retrouvons aussi Momo, un ami de la famille, chasseur et pécheur de son état, et deux neveux de Béatrice qui ont entre dix et quinze ans. Bob, ancien gendarme, nous rejoindra par la suite. La fine équipe est plus qu'habituée à séjourner dans cet endroit qui est juste magnifique.


 La pointe

Au cœur du lagon, on arrive par la mer après une vingtaine de minutes de navigation où la vigilance s'impose pour ne pas percuter des récifs affleurants. Yves, avec Momo en soutien, se débrouille comme un chef, dans ce lagon qu'il connaît comme sa poche. 


Pour une histoire d'assurance

L’îlot est là, où milieu de nulle part . Sur une plage abandonnée en guise de ponton, comme des Robinson de luxe, nous débarquons sur cette parcelle de bonheur, accompagnés de ses gardiens.


 Motifs

La cabane est parfaitement adaptée à l'éco-système local avec notamment les toilettes les plus beaux du monde. Une vaste pièce, ouvert à tous les vents, sert de lieu de vie où nous nous prenons nos repas. Un dortoir aux couleurs chamarrées, style robes mission, permet de dormir du sommeil du juste. La famille d'Yves dispose de ce paradis depuis une cinquantaine d'années. 




 Plage abandonné

Tels des pionniers combatifs, elle a construit de ses mains ce refuge marin improbable. Pendant quatre jours de suite, nos journées seront rythmées, dans l'ordre, par les sorties de pêche matinale, les apéros débriefing au whisky coca ultra frais, des déjeuners à partir de la pêche du jour, de longues siestes en mode méditative, des après-midi largement buissonnières et des soirées conviviales. Nickel.


 Lieu des agapes

Pêches miraculeuses

Les parties de pêche sont exceptionnelles. Nous partons à six heures et demi du matin dans la quiétude du crépuscule. Yves, Momo et Bob sont de véritables professionnels et nous apprennent beaucoup. Ils connaissent tous les coins et recoins du lagon pour que la pêche devienne systématiquement miraculeuse … ou presque.
  
Béatrice au grand coeur

 La première difficulté est de s'extraire des récifs pour rejoindre le lagon. Un matin, une secousse impromptue et violente nous rappelle que l’hélice du moteur vient de percuter à pleine vitesse un morceau de récif corallien malgré les avertissements de Momo qui avait gardé un œil sur l’horizon. Heureusement, il n'y aura aucune conséquence. Une énorme épave posée sur la barrière de corail démontre bien qu’un oubli peut être fatal.


 Pêche de jour

Nous pêcherons aussi bien en statique qu'à la traîne, aussi bien dans le lagon qu'au large. L'eau est d'une telle clarté que nous pouvons voir très distinctement notre ligne attaquée par tous les poissons du lagon, notamment tout un tas de loches. Aymeric verra même sa ligne devenir la cible d'un requin pointe noire tournoyant autour de l'objet de ses rêves. 


C'est parti

Sabine sera-t-elle prête à plonger à l'eau si la ligne se bloque dans la pierraille ? Pas sûr. Sabine finira ces parties de pêche sans aucun poisson. Aymeric, plus glorieux, finira avec deux prises méritantes. Yves, Momo, Bob ainsi que les neveux en prendront aussi de belles qui constitueront la base de nos déjeuners journaliers. Les restes de poissons seront distribués aux « bagnards » de la côte (des poissons rayés en fait) par une Sabine plus que jamais proche de la nature.


La nourrice

Un matin, nous avons droit à un cadeau des dieux. Le lagon, comme le vent d'ailleurs, est d'un calme absolu, quasi soupçonneux. Entonnement, chacun de nos arrêts se solde par un néant poissonneux. Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi. Soudain, on repère un aileron sortant de l'eau. Un deuxième apparaît, puis un troisième, puis enfin des dizaines et des dizaines. 



 De loin

Dans un ballet incessant, des dauphins suivent notre embarcation. Yves tapotant sur la coque pour les interpeller. Ils ouvrent la voie pour notre bateau, puis jouent en sautant dans tous les sens. Un moment unique et grandiose.


 De près

Farniente à la sauce locale

Nos journées s’égrènent tranquillement entre le lever et le coucher du soleil. Yves cuisine les poissons mieux que personne. Ils se révéleront tous délicieux.


Easy Sab

Momo nous gratifie de bonnes préparations à base de cerf qu’il a lui-même chassé : carpaccio à la mode calédonienne, spaghettis à la carbonara façon Momo ou encore steaks de cerf en aller-retour sur le grill. Un régal. 


Les plus beaux toilettes du monde

Nous échangeons sur l’histoire calédonienne. Ils sont intarissables sur leurs anecdotes vécues. En fin de journée, nous faisons le tour de l’îlot en admirant les montagnes des alentours et les dégradés du lagon. Nous jouons des parties de cartes endiablées avec les neveux avec le sentiment de retrouver Antoine et Louis-Armand. 


Au crépuscule

Quelques parties volley-ball aquatique nous divertissent. L'eau est d'une d'une température parfaite. La nuit venue, nous partons avec Yves à la « chasse » aux oiseaux pour les observer de près. Franche rigolade aux rendez-vous.


 A l'horizon

Ces quelques jours passées en compagne d’Yves et Béatrice seront un vérititable ravissement et une expérience inoubliable. Un grand merci à eux. De notre côté, le seul regret est de ne pas pouvoir se rendre sur cet îlot tous les week-ends !


 Partir ou rester, telle est la question