vendredi 25 juillet 2014

Comme des hippies à Kauai

Arrivée dans la tempête

La nuit tombe rapidement sous les tropiques. Le crépuscule n’existe pas. En quelques minutes à peine, l’obscurité triomphe de la lumière et impose sa loi implacable. C’est dans cet univers hostile que notre avion décide de survoler l’île d’Oahu. Le retard au décollage nous vaut un survol féerique d’Honolulu, de Waikiki et du port de Pearl Harbor. Le skyline, plus fier que jamais, est illuminé au milieu des flots déchaînés. Depuis le départ de l’île de Big Island et la longue attente à Honolulu, il en aura fallu de la patience pour rejoindre l’île la plus sauvage de l’archipel d’Hawaii. Sans trop de heurts, notre avion se pose sur la piste détrempée de l’aéroport. Un vent violent souffle et pousse les nuages noirs. Nous voilà arrivés dans cet ersatz de paradis et croyait-on, à la fin de la tempête ….


 Riches rizières

Fidèlement, nous retrouvons notre agence de location préférée, Avis. Cyril et Anso craquent pour louer à nouveau la fameuse Caravan Dodge. Confortable, elle leur permettra de se plonger dans les bras de Morphée en toute quiétude, allongées dans le coffre de 2.5 mètres de long et protégés de toutes les agressions potentielles. Chez le Walmart du coin, nous faisons de solides réserves de nourriture. Nous sommes outillés pour vivre à la belle étoile pour quelques jours.


 Palmier libre

Sur la seule highway de l’île, nous filons à vive allure. Malgré un coffre plein, notre ventre reste vide. Nous nous arrêtons chez Taco Bell. A l’américaine, nous engouffrons, directement sur le parking, nos menus aux hormones. Nous sommes repus pour la nuit. Maintenant, il ne nous reste plus qu’à trouver notre campement.


 Elle est pas belle, la vie ?
  
Le hic est que le loueur nous a bien précisé qu’il était impossible de se rendre sur la plage où nous avions réservé un campement. La route non goudronnée nécessite d’y aller en 4*4. Nous nous replions donc sur un site, près du grand canyon du Pacifique, beaucoup plus facilement accessible, malgré la nuit.

Cascade divine

A notre arrivée, le campement est désert. Devant l’imminence d’ondées marines violentes, nous plantons notre tente sous un abri à même le sol bétonné. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres à vol d’oiseaux de l’endroit su terre qui reçoit le plus de précipitations au monde. La vigilance règne.


 Côte déchiquetée

Au petit matin, notre petit déjeuner à la fraîche engouffré, nous partons admirer les vues sur la Na Pali Coast. Des arêtes effilées par la force du vent, de la pluie et de la mer tombent dans l'océan.. Nous trekons tranquillement pendant 5 heures à travers la forêt. A l'arrivée, le panorama est grandiose. Nous admirons une vallée perdue, où des populations polynésiennes sont installées il y à bien longtemps. Depuis la fin des années soixante et encore jusqu'à aujourd'hui, l'endroit est occupé par des communautés hippies vivant en autosuffisance complète.


Grand Canyon, grande émotion

Plus loin, nous plongeons dans le grand canyon du pacifique, formidables vallées arrachées à la pierre vouée à la disparition. Plus qu'ailleurs dans le monde, l'archipel d'Hawaii offre à vivre le processus d'érosion. La terre semble comme détruite constamment par la force des éléments. L'immanence chère au Bouddha trouve ici une preuve de sa concrétisation.

Nuit derrière les dunes

Nous pique-niquons chaque jour de bagels savoureux préparés par nos soins. Notre sobriété heureuse fait la joie d'anso et cyril … qui regrettent déjà d'avoir croisé la route de vagabonds du pacifique. Peu de folies culinaires durant ce voyage, à part peut-être par une soirée burgers sur la plage du Polihale state park, à l'ouest de l'île. Nous avions décidé de braver l'interdit et de prendre quand même cette piste interdite par Avis. Un trajet en voiture peu compliqué nous dépose finalement sur une plage quasi-déserte.

 Bonheur en vente libre

De belles vagues se cassent sur une immense étendue de sable blanc. Quelques pick-up stationnent au milieu de nulle part. Sabine se croit abandonnée alors que nous cherchons un lieu pour dormir. Nous finissons à deux pas d'un abri occupé par un couple de jeunes américains de l'Oregon. Ils nous racontent qu'ils se sont rencontrés alors que lui faisait du pouce et qu'elle passait par là en voiture. Ils ont ensuite décidé de passer du temps ensemble en Californie, puis de s'installer sur l'île de Kauai, au cœur des dunes pour plusieurs mois. 



 Feu de joie, joie du feu

Ils vivent d'amour et de bière fraîche. Nous partageons quelques burgers magnifiquement cuits par Cyril, alors qu'ils nous laissent une place autour de leur de camp. Nous sommes déçus. La moitié de notre viande a été mangé par le chat des environs. Rrrrr. Nous n'avons que des burgers simples alors que nous avions prévu des doubles. Dommage.


Morning Glory

La soirée nous plonge dans des conversations sur la vie américaine, ses joies, ses peines. Nous partons dans un formidable quizz sur le nom des capitales des états fédérés. Pas facile. Même les américains se perdent dans les subtilités administratives de leur pays. La veillée, autour des flammes, s'éclaire d'une lune des grands jours. La nuit étoilée brille de mille feux. L'américain nous rappelle que nous sommes à quelques pas du plus grand site du monde de lancement de missiles à têtes nucléaires. 

Bout du monde

Dans les falaises des alentours, creusés à même la roche, des cavités accueillent les installations de protection militaire. Un soir, avec des amis, il a même assisté à un envoi d'un missile au plein milieu de la nuit. Imaginez la scène ! Des personnes posées sur la plage qui voient défiler devant eux un missile envoyé à pleine puissance. Nous terminons par un café avant de nous coucher. Définitivement, à travers cette soirée, nous avons gagné nos gallons de vrais hippies.

 No rain ... no rainbow 

Un tsunami nous frappe pendant la nuit

Nous nous posons quelques heures sur la plage de Poipu. Cyril loue une planche et surf les vagues de la baie. Un père glisse sur l'eau avec son fils au bout de la planche. Nous partons à la découverte du corail local. A l'autre bout de l'île, nous poursuivons ensuite jusqu'au Taylor camp. La route goudronnée se termine. Coincé entre la falaise et un océan déchaîné, ce morceau de plage a été occupé pendant plus de dix ans par une communauté d'une centaine de hippies. Il appartenait au frère d’Élizabeth Taylor qui a dû cédé son terrain en 1976 à l'état américain, les autorités locales voyant d'un mauvais œil l'installation de ces orignaux vivant nus sous les tropiques. 
 

 Séries puissantes le long de la côte

Nous installons notre trente à une dizaine de mètres de la fin de la plage. Nous dînons sous un abri protégé. Le vent souffle sur les arbres qui souffrent. De l'écume bouillonnante se fracasse à une centaine de mètres de nous. Chaque seconde le même mouvement intervient inexorablement. La plage a bien dû mal à faire face à cette puissance prodigieuse. 


 Les branches qu'a reçues notre tente 

En se couchant dans la tente, Aymeric demande à Sabine si le bruit du vent ne sera pas une gène pour la nuit. Pas de réponse. Nous nous endormons profondément. En pleine nuit, Sabine est soudainement réveillée par un choc sur la tente. Aymeric sort en quatrième vitesse. Sabine, un peu plus lentement avec son sac à dos qui finit dans une flaque d'eau. 

Passage technique

Une vague vient de nous frapper. Nos voisins ont eu moins de chance. Ils ont pris entre quinze et vingt centimètres d'eau dans la tente. Leurs affaires sont détrempées. Nous démontons la tente en quatrième vitesse pour l'éloigner le plus possible d'une hypothétique nouvelle vague. La marée haute a élevé considérablement le niveau des eaux. 


Océan démonté sur le Taylor Camp

De l'autre côté du camping , le lit de la rivière a débordé et a inondé plusieurs tentes. Chacun constate les dégâts. Nous nous rapprochons de l'océan. Hier, très éloigné, aujourd’hui, à hauteur de la terre ferme. La force du vent est effrayante. Les vagues se succèdent en saccade. La plage semble rongée de l'intérieur par la puissance des flots. Le syndrome du tsunami nous envahit. Et si une autre vague, plus forte que la première, arrivait ? Nous n'osons pas réveiller anso et cyril pour ne pas leur gâcher la nuit. Peu rassurés, nous essayons de retrouver le sommeil. 


 Life guard

Premiers émois sur un surf
Au réveil, nous leur racontons nos aventures nocturnes pendant que les survivants sèchent leurs affaires. Ebranlés, nous partons en direction de la Na Pali Coast pour un trek d'une journée. C'est la fameuse route qui arrive à la vallée perdue. 


Tourbillon sur la côte

Nous circulons le long de l'océan sur les falaises. L'océan bouillonne sur plus de cinq cents mètres. La houle est surpuissante. A quelques milliers de kilomètres de là, les Philippines viennent d'être ravagés par un typhon. Durant le déjeuner, une américaine manque de se voir aspirée par une vague plus forte que les autres. Le soir venu, nous arrivons sur notre nouveau terrain de camping. Nous choisissons un coin au calme. Nous sommes entourés par une faune de hippies plus ou moins chic. Chacun s'installe où il le souhaite et comme il le souhaite. Sur les conseils d'anso, nous évitons les tentes les plus homeless style.


Au bout ...  l'Hanalei bay

Le lendemain, nous nous posons sur la baie d'Hanalei, la patrie des frères Iron. Les vagues sont de belle tenue. Les montagnes des alentours, perdues dans la végétation luxuriante, nous snobent de leur profil tranchant. On se croirait aux îles Marquises. A deux pas du ponton, Cyril nous initie au surf. L'aileron de la planche vient frapper le pied de Sabine.


 Jusque là tout va bien

Aymeric tente une vague pendant qu'anso profite de la brise. Nous enchaînons avec un nouveau spot ensoleillé où Cyril s'essaye à de nouvelles vagues. Nous sommes comblés, heureux comme des hippies à Kauai. 


 Easy man

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