vendredi 25 juillet 2014

Big Island, Big Paradise

Après une rapide adaptation aux mœurs hawaïennes sur l’île d’Ohau (2 jours à peine avant de revenir), nous partons pour cinq jours sur l’île de big island, à une demi-heure d'avion d'Honolulu. Après avoir survolé une partie de l’archipel, et notamment l’île de Maui célèbre pour sa plage de Jaws (les mâchoires, comme le titre anglais des dents de la mer), nous arrivons sur une piste d’atterrissage bitumée qui émerge à peine d’une coulée de lave refroidie. Île la plus volcanique de l’archipel, Big Island doit nous permettre d’observer un volcan en pleine éruption, le Kilauea, célèbre dans le monde entier. A nos dépends, nous apprenons que les phénomènes volcaniques débutées en 1983 se sont arrêtées il y a tout juste dix semaines ! Adieu donc lave en fusion, trek au milieu des forces telluriques et plongeons dans une eau à quarante degrés. Il va falloir s’adapter à l’existant.


 Côte sauvage
 Lost in translation

A la sortir de l'aéroport, nous allons directement à l’agence de location pour récupérer la voiture réservée. Nous avons droit alors au génie du marketing américain. Nous avions réservé une voiture de catégorie moyenne à environ une trentaine d’euros par jour. Immédiatement, le vendeur nous demande si nous sommes intéressés pour louer un 4*4 BMW. Dubitatifs, nous hésitons en apercevant dehors l’énorme véhicule. Finalement, nous déclinons. Nous n’avions aucun intérêt à le prendre. Il est totalement démesuré pour notre usage peace and love. Le vendeur reste offensif et nous précise que le véhicule attendu risque d’être trop petit. Nous le prenons quand même. Les clefs en main, nous partons à la découverte du véhicule. Il s’agit du grand caravan de chez Dodge, un véhicule confortable (près de 9 places assises) et moderne (lecteur de dvd au plafond). Nous nous demandons bien pourquoi le vendeur a eu le culot de nous dire qu’il serait trop petit pour nous. Il est immense. Anso et Cyril vont justement pouvoir dormir à l’intérieur. Pour leur plus grand bonheur.


 Sur la faille

Notre première action est de faire nos courses pour les cinq jours à venir. Il nous faudra finalement presque deux heures pour venir à bout de l’achat de toutes les victuailles. Sacré expérience de consommation dans un supermarché américain. Nous repartons avec une glacière sans glace, un réchaud résistant au vent, des litres de soda et des kilos de bouffe. Nous avons tout misé sur les bagels pour le déjeuner. Depuis notre bolide, nous longeons la côte. La vue sur la mer est superbe. Elle profite de belles éclaircies. A l’intérieur des terres, les deux volcans, le Mauna Kea et le Mauna Lea, à plus de 4.000 mètres d’altitude sont plongés dans des nuages lourds et sombres. Leur conquête s’annonce déjà comme impossible. Un deuxième objectif s’envole.


 Hommage au Captain Cook

Nous parvenons à la portion de la côte où Cook, le grand explorateur du Pacifique, a été tué en 1779. Un monument le rappelle. La baie, annoncée comme un des hauts lieux du snorkelling, est très difficilement accessible par la plage. Des vagues puissantes s’écrasent sur des rochers qui disparaissent au gré du ressac. Nous allons essayer de trouver un endroit plus accueillant pour déjeuner. Nous nous arrêtons sur un ancien domaine royal polynésien. Le lieu, parfaitement entretenu, était aussi un sanctuaire pour toutes les personnes souffrant d’un tabou. Il trouvait là le moyen de la rédemption. Entre une promenade entre les cocotiers, une baignade dans une mer cristalline où les poissons se déplacent en banc archi coloré et une sieste à même la lave durcie, nous passons un excellent moment. Nous nous rapprochons de la voiture. Anso lance un « qui a les clefs ? », resté sans réponse. Goodness. Nous venons de les perdre. 




 L'endroit était pourtant superbe

Nous voilà partis pour trois heures de recherche exténuante sur l’ensemble du site. Nous regardons chaque recoin. Entre les clefs noires et les rochers tout aussi noirs, il est bien difficile de se retrouver. Finalement, nous devons nous résoudre à appeler l’agence pour qu’elle nous envoie un taxi avec les clefs à bord. Coût de l’opération : un séjour dans un bungalow à Bora-Bora. Pour l’anecdote, durant la suite de notre séjour, Cyril, notre conducteur intrépide, se verra systématiquement proposé par Avis une assurance spéciale pour les clefs. Ils ont de la mémoire ces ordinateurs américains.


 Cyril et Aymeric en plein atelier Baggels

Nous sommes claqués par les recherches faites sous un soleil de plomb et affaiblis par la détresse psychologique. Nous retrouvons Sabine à deux pas de la voiture. Elle est entourée d’une dizaine de sexagénaires en mode concert chant/guitare. Bière à la main, elle écoute leurs douces mélopées issues des classiques de la musique hawaïenne. Un américain, cajun de Louisiane, nous offre des bières bienvenues et propose de nous inviter puisque tout ce beau monde est prêt à partager le festin en cours. Nous sommes malheureusement obligés de décliner leur invitation. La nuit va tomber et nous n’avons toujours pas d’endroit où dormir. Il nous reste une voiture et … sa paire de clefs.


 Hippies au grand cœur

Nous partons en chasse d’un camping. Nous arrivons à la nuit tombée sur une plage perdue. Après une difficile négociation durant laquelle on a failli repartir, la personne à l’accueil accepte de nous accorder le tarif pour locaux. Nous plantons notre tente rapidement. Anso et Cyril galèrent à monter, pour la première fois, leur tente bivouac. Les douches sont une véritable curiosité. Toujours tendus par l’affaire des clefs, nous passons une soirée courte. Pour la première fois, nous dormons en bord de mer sous les étoiles d’un ciel dégagé. Durant toute la nuit, des sortes de noix tombent sur notre tente sans la démolir. Rappelons que notre tente ne ressemble plus vraiment à grand-chose après le choc de plusieurs cocos sur les Tuamoutu.

Pour quelques dauphins de plus

 Nous nous réveillons face à l'océan. Il est superbe en cette matinée. Les squatteurs de l'endroit, des homeless tropicaux comme Hawaï en raffole, se désembuent progressivement. Certains comment leurs mouvements yogiques du matin pendant que d'autres préparent leur pirogue pour une virée dans la baie. Un attroupement se forme à cinq cents mètres du rivage. Sabine, plus volontaire que les autres, prend un masque et un tuba et file le rejoindre. Aymeric et Cyril ne vont pas tarder non plus à la rejoindre. 

Lieu sacré

A l'arrivée, il s'avère que l'endroit regorge de dauphins. C'est le recoin de l'océan qu'ils ont choisi d'occuper pour assurer leurs nuits. Leur ballet circulaire incessant nous permet de les observer de près. Ils nagent en dessous de nous à quelques mètres de profondeur. L'extase est totale. Des cohortes de vieux hippies guettent leur sieste et traînent dans les alentours. Ils sont convaincus que les vibrations naturelles des dauphins les atteignent d'un halo mystique régénérant. Why not.


 Baie enchantée

Nous poursuivons notre route le long de la côte après avoir quitté le lieu le plus dauphinesque que nous ayons croisé durant notre séjour (le lagon calédonien excepté). Notre prochaine halte nous arrête sur le parc national des volcans. Notre programme est forcément revu à la baisse, la lave ne coulant plus. Nous déambulons dans un cratère des temps premiers après une rando bienvenue. Nous débusquons le lieu de campement prévu. A l'arrivée, nous tombons nez-à-nez avec un être cosmique, en connexion direct avec le ciel grâce à ses deux maracas que nous prenons pour une arme de guerre, style nunchaku. Anso se demande comment elle va pouvoir trouver le sommeil près de cette personne sortie de nulle part, qui consume des bougies dans sa voiture transformé en campement au son de mantra extatique. Nous ne sommes pas vraiment rassurés et partons dans une paranoïa généreuse.



 Route qui n'existe plus

Nous allons observé le cratère rougeoyant de nuit et revenons, en évitant un sanglier. Nous retrouvons notre mystique en plein communication avec le divin. Nous prenons le temps de dîner tranquillement, puis allons nous coucher. Cyril a le malheur d'appuyer sur le mauvais bouton des clefs qui passent en mode « panique » en plein nuit noir dans un brouhaha des grands jours. Sabine, esseulée dans sa tente, est prise elle-aussi de terreur après avoir « entendue » des pas venues de derrières les bosquets. Elle court jusqu'au véhicule en échappant de peu à une chute fatale au-dessus d'un parapet. Elle a échappé de peu à un accident stupide. Nous nous retrouvons tous à deux pas des voitures, calmons nos esprits et nous souhaitons bonne nuit en espérant que la mystique du jour ne se transforme pas durant la nuit en infernal serial-killer hawaïen. Au final, la nuit fut bonne malgré quelques réveils en sursaut.


 La mythique cascade d'Akaka

Le lendemain, nous reprenons la route le long de la côte, toujours aussi impressionnante avec son océan agité. Notre devoir du jour est de réserver l'ensemble des nuits que nous souhaitons passé dans les différents campements, de l'état fédéral ou de l'état fédéré, sur les trois îles au programme de notre séjour. Cette petite plaisanterie nous prendra finalement plus de trois heures à naviguer dans les arcanes de l'administration américaine qui sort d'un terrible lock-out imposé par le républicains. Tout est fait pour que la personne s'épuise dans des démarches qui ne semblent jamais finir. L'administration garde en travers de la gorge les squats interminables de terrains publics dans les années soixante/soixante-dix de communautés pas toujours soucieuses dans l'entretien de ces lieux. Notre abnégation aura (presque) raison de toutes ces contraintes montées de toute pièce Après un dernier bain de mer, une scenic road apaisante, l'achat de fruits tropicaux à profusion et la visite des Akaka Falls, nous arrivons pour la nuit sur notre campement bien mérité mais perdu out-of-the-world.


 Cyril et Basile dans quelques années ?

Maquis hawaiien

Le jour d'après, nous admirons la plus belle côté qui nous a été donné de voir jusqu'à présent. Sauvages comme jamais, les vagues s'écrasent sur une plage de galets noirs. La végétation est superbe. Nous descendons un chemin très pentu. On se pose au bord de l'eau. Des pick-up remplis d’hawaïens traînent dans le secteur. Des surfeurs s'ébrouent dans le grand bleu. Surf way of life. Pour l'anecdote, le lieu a été touché par un terrible tsunami mortel dans les années 1940. A Hawaï, l'océan rappelle toujours sa force à un moment ou à un autre. Pour le retour, nous avons la chance d'être pris en stop par un énorme pick-up. Nous montons à l'arrière et profitons du paysage sans effort. Aloha. 


 En stop

Fatigués et souhaitant retrouvé le mode de vie moderne, nous nous posons dans un starbuck pour s'enfiler un café chaud. Nous conversons de choses et d'autres entre un joueur de ukulélé et un groupe portant de magnifiques T-shirts tahitiens. La plage nous appelle. Nous finissons le tour de l'île en voiture et nous nous retrouvons sur une plage agréable. Nous jouons, comme des enfants, dans les rouleaux du jour. Plutôt puissants, ils nécessitent une vigilance constante. Nous n'avons pas encore débusqué de logement pour la nuit. Cela nous taraude un peu. Un superbe campement est à deux pas. Nous y allons. 


 Plage aux vagues puissantes

L'endroit a beau être désert, les modalités de réservation ne nous permettent pas pour autant de payer une chambre pour la nuit. Pour cela, il faudrait retourner à la capitale administrative. Dépités, nous tentons l'aventure dans un campement perdu. Après moultes négociations avec le préposé du coin, nous parviendrons à dormir sur place, gratuitement, face à la mer comme d'habitude, sur un emplacement réservé mais non occupé. Les nuages du jour ne nous permettent toujours pas d'observer les volcans.


 Fin de partie

Le lendemain, notre départ pour Kauai est l'occasion d'un debriefing sur cette première semaine passée. L’adaptation de chacun à la vie hawaïenne n'a pas été sans mal. Les déceptions concernant les lieux à visiter finalement inaccessibles, toutes relatives il est vrai, ont pesé sur notre moral. Un cercle de parole s'organise à même un espace vert attenant à l'aéroport. Chacun exprimant son point de vue, libère sa parole et nous parvenons, non sans mal, à un consensus pour les jours à venir. La suite du voyage saura nous combler de cette semaine entre deux vagues.


 Notre voiture trop petite

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire