Câlinés
dès notre arrivée
Entre
Papeete et Nouméa, notre vol sur Air Calin (pour Calédonie
international, « et
cela ne va pas plus loin »
comme l'expliquera l'hôtesse de l'air au grand dam d'Aymeric qui
attendait un hug des grands jours), se déroule dans la plus grande
sérénité. Grâce à tous les étages du génie culinaire et
alcoolique français, Aymeric finira avec un sourire jusqu'aux
oreilles, même pendant les turbulences qui s'activent dès notre
arrivée avec le grain d'ouest. Sabine, plus sage que jamais, profite
de la cinémathèque à bord.
Premier contact avec la culture mélanésienne
Bien
qu'au plein milieu de l'océan Pacifique, nous avons décollé d'un
territoire français pour atterrir dans un autre. C'est comme si,
partis de la maison, nous arrivions dans une autre. Ce sentiment de
se sentir chez soi (à plus de 15.000 kilomètres de la métropole
quand même) est d'autant plus grand que nous avons bénéficié d'un
véritable cadeau des dieux. Pour la première fois de notre world
tour, nous sommes attendus à l'aéroport … celui de la Tountouta
en l’occurrence.
Étale poissonneuse
En
effet, Béatrice, croisée avec Yves en Inde (à peine dix minutes à
Pondichéry quelques dix mois plutôt), nous accueille
chaleureusement dès notre premier pas sur le sol calédonien. En
même temps, il est vrai que les rencontres en Inde, ne vous laissent
jamais indifférents. Yves nous rejoint sur le port de la Moselle et
nous propose de nous héberger sur son bateau. On croit rêver face à
cette gentillesse incommensurable. Béatrice est née en métropole.
Après un enchaînement heureux d'emplois dans l'administration, elle
a rejoint Yves en Nouvelle-Calédonie. Ce dernier est calédonien
depuis cinq générations. Membre d'une fratrie de neuf enfants, il
aime son pays, et nous transmet son enthousiasme et sa connaissance
fine du Caillou. Yves nous apprend les subtilités du monde kanak, où
chaque tribu parle sa langue, le français étant leur dénominateur
commun. Grâce à ce couple d'aurovilliens, ou presque, nous sommes
directement plongés dans le grand bain calédonien, et mon dieu
qu'il est agréable.
Trouée végétale
Nous
sommes aussi abasourdis de retourner dans une grande ville urbaine
comme Nouméa. Le béton orne une ville moderne lovée autour du
lagon. La circulation est plutôt dense. La tête encore perdue dans
nos îlots de rêve polynésiens, nous sommes déboussolés par notre
retour à la vie urbaine. Devenus gitans des mers, nous avons
heureusement plusieurs points d'ancrage dans cette capitale à la
peau claire.
Accueil
à la française
Notre
séjour à Nouméa, plus de dix jours en tout séquencés en deux
temps, a été l'occasion de partager l'expérience, grâce à leur
bienveillante hospitalité, de plusieurs couples de métros installés
dans cet annexe du paradis qui nous ont accueillis avec le sourire.
Au final, nous rencontrerons des gens formidables dans un pays
formidable
Fenêtre avec vue
C'est
déjà Ingrid et Benjamin, couple de grenoblois, qui nous reçoivent
généreusement (sans doute on-t-il eu le sentiment de se faire
squatter leur home
sweet home !)
dans leur appartement de service. Elle, Ingrid, finit son internat de
médecine dans cet endroit paradisiaque. Lui, Benjamin, a trouvé un
poste à la CAFAT, la sécu locale. Ils nous racontent leur
installation et la découverte de leur nouvel environnement de vie,
et leurs explorations, notamment au Vanuatu. Un soir, il nous amène
à un concert de jazz manouche sur la magnifique baie des citrons, la
BD comme elle est appelée. On se croirait sur la côte d'Azur. Leur
appartement a une vue imprenable sur l'usine de la société Le
Nickel, acteur historique de la production de nickel en
Nouvelle-Calédonie.
Usine en centre ville
Nous
comprenons bien vite l'importance de cette ressource pour ce
territoire des antipodes. Nous constatons aussi que son exploitation
n'est pas neutre pour la nature. Par exemple, Ingrid et Benjamin ne
peuvent pas réellement profiter de leur terrasse : les rejets
de l'usine déposent chaque jour une pellicule de poussière orangée.
Nouméa reste une des villes les plus pollués au monde. La proximité
de leur appartement avec le centre ville nous permet d'assister aux
manifestations de la place des cocotiers (tout un programme !),
en particulier les danses et animations proposées par l'île des
Pins, lors des jeudis du centre-ville. Un avant goût du paradis.
Pour notre plus grand bonheur, nous commençons à découvrir les
subtilités de la très riche culture mélanésienne. Benjamin nous
rappelle que le mélanésien fait du tango visuel : son jeu de regard
n'appartient à personne d'autre. Nous aurons l'occasion d'observer
cela de plus près. Merci à Ingrid et Benjamin pour nous avoir fait
partager leur vie calédonienne qu’ils apprécient tant.
Sabine a déjà trouvé ses marques
Nous
avons également été accueillis par Alexandre et Caroline, un
couple de parisiens qui se retrouvent à l’autre bout du monde en
raison d’une mutation. Sabine avait rencontré Alexandre il y a
plus dix ans maintenant du côté du Cambodge et de Phnom Penh Leur
maison avec jardin (de fonction s’il vous plait) est très
agréable. Ils nous reçoivent les petits plats dans les grands avec
des préparations culinaires absolument délicieuses et so
frenchy.
Un vrai délice. Fonctionnaires, ils occupent des postes
d’importance, elle, aux douanes, lui à la mairie de Nouméa. A
leur contact, Sabine rêve plus que jamais de trouver un poste sur le
caillou. Sur la terrasse, leurs conversations nous permettent de
beaucoup mieux connaître la vie professionnelle calédonienne. La
vie de fonctionnaire tropical n’est pas toujours facile.
L’environnement est superbe mais le travail reste le travail, et
l’administration, l’administration. La vie administrative sous
les tropiques compte aussi certains risques. Elle, par exemple, a eu
un accident de voiture durant son service. Un chauffard a coupé la
priorité en pleine ligne de la voiture qu’elle occupait droite. Un
choc fut si violent qu’il l’oblige à porter durant plusieurs
mois un corset. Encore un grand merci pour votre accueil.
La
famille, c’est la famille
Lors
de notre séjour en Calédonie, nous devions absolument retrouver la
cousine de Sabine, Raphaëlle. Dotée d’une étrange ressemblance
avec Sab, elle est installée là-bas depuis plusieurs années en
tant qu’orthophoniste à Nouméa, dont un jour par semaine sur les
îles Loyalty. Son copain, Jean-Charles, normand de son état, est
parti avec elle. Il a trouvé un travail dans son domaine de
spécialité sans trop de problèmes. Et depuis la famille s’est
agrandie de l’adorable petite Juliette. Ils logent dans un super
appartement avec terrasse à l’intérieur de Nouméa. Un bel
endroit tout en calme et volupté que nous avons « occupé »
de nos envahissants paquetages.
Réunion de famille improvisée
Leur
vie calédonienne est réglée comme du papier à musique. Et il faut
bien avouer qu’elle a suscité en nous de réelles envies
d’installation. Eux deux (voire trois en fait) ont su s’entourer
d’un confort à toute épreuve (y compris pour élever la petite
Juliette) tout en se plongeant dans la culture mélanésienne et les
particularismes calédoniens. Ils n’oublient pas non plus de
profiter des avantages de la vie à Nouméa : l’anse Vanta à
moins de dix minutes de chez eux, le marché aux poissons plus
délicieux les uns que les autres (au prix trois fois supérieur que
celui du supermarché de Bora-Bora), la nourriture orientalisante,
les joies de la montagne, … et on en oublie encore. Ils possèdent
sur place une solide bande d’amis qui comme eux, on fait le choix
il y a quelques années de tenter l’aventure sur le caillou.
Certains sont mêmes des amis historiques de Jean-Charles qui les
connaît depuis des lustres. Tout ce bout monde a été un atout
précieux dans la réussite de notre séjour calédonien. L’ascension
du Mont Humboldt en est le parfait exemple, comme le fait que nous
n’ayons jamais dormi dans un hôtel sur le caillou durant la
totalité de notre séjour. Ils nous ont fait profité de leurs bons
plans. La classe. Nous avons ainsi pu faire un « apéro »
dans un nakamal pour boire le kava. Drôle d’expérience que de se
retrouver dans un endroit pareil pour boire dans une demi noix de
coco un breuvage terreux issu d’une racine du Vanuatu qui vous
engourdit la bouche dans une obscurité réelle et un calme
communicateur.
Leur
accueil fut, au final, absolument parfait et on les remercie encore
mille fois de tout ce qu’ils ont fait pour nous. On remercie aussi
leurs canapés que nous avons squattés durant des heures pour
finaliser notre voyage et le blog dans sa partie polynésienne. Leur
vie ultramarine est encore aujourd’hui un souvenir fort de notre
voyage. D’autant plus que l’attache familiale a joué à fond.
Sabine et ses cousines (dont la sœur de Raphaëlle, Aurélie, et sa
petite famille) ont même réussi l’exploit d’organiser, chez un
tiers, une réunion de famille impromptue. Improbable.
Avec Monsieur Djibaou
L’appartement
de Raphaëlle et Jean –Charles a été notre base pour partir à
l’exploration aussi bien de Nouméa que du reste de la Calédonie.
Pour rappel, Nouméa la blanche n’est pas vraiment une ville très
belle, ni très bien aménagée ni urbanisée, même si le site
naturelle qu’elle occupe est splendide. Le métissage n’y est pas
si courant entre les différentes communautés : métro,
polynésiennes, wallisiennes et mélanésiennes même s’il est
présent. La ville est en tout cas très franchouillarde. On peut y
débusquer tout ce que l’hexagone compte de délices. Le mode de
vie est très « français » même s’il compte de
nombreux apports australiens et américains.
Anse Wata
Nouméa
est aussi une ville de contrastes. L’habitat océanien (en gros un
bungalow en bois) est capable de côtoyer des appartements de grand
luxe financés par les lois de défiscalisation successives. La ville
donne l’impression de souffrir de ségrégation dans beaucoup de
domaines. Sous certains aspects, elle peut donner l’impression
d’être ultramoderne tout en étant en miroir à d’autres
endroits en dehors du développement moderne. Les embouteillages de
4*4 sont quotidiens tandis que les étudiants mélanésiens ne
parviennent pas à se loger. Étrange contraste. Culturellement
parlant, Nouméa est une ville assez dynamique pour un territoire de
150.000 habitants. Appartenance française oblige. Nous avons eu
droit à la visite du musée de la Nouvelle-Calédonie qui comptait
une exposition très intéressante sur une famille de missionnaires
anglais qui a évangélisé une des îles Loyaulty durant le XIXème
siècle.
Mais
le vrai chef-d’œuvre culturel moderne de Nouméa (peut-être même
du pacifique dans son ensemble) est sans aucun contexte le musée
Jean-Marie Djibaou. D’une architecture inégalée, (due à Renzo
Piano, celui du centre Pompidou à Paris dans un tout autre style)
posée face au lagon, le lieu déborde d’une grande énergie
spirituelle tout en étant un endroit d’une quiétude absolue. Sa
structure est fondée sur une interprétation moderne des
traditionnelles cases kanaks. Il était un des points fondamentaux
des accords de Nouméa que l’État français, par le biais de
Michel Rocard, s’est engagé à financer coûte que coûte.. Son
centre de documentation est excellent sur l’Océanie. Nous avons
bien entendu vu plusieurs documentaires sur la construction du lieu,
sur la recherche d’objets rituels dans les archipels voisins ou
encore sur la vie de Jean-Marie Djibaou (qui a étudié à Lyon).
Très instructif, nous y passerons deux après-midi complètes.
Au temps de la construction
Ce
séjour à Nouméa fut vraiment une douceur. Il avait un avant goût
de retour. Les personnes croisées sur place qui nous ont si
gentiment accueilli ont été d’une grande aide. Merci à eux. Et
peut-être (sans doute) à bientôt.
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