mercredi 5 mars 2014

A l'assaut du Mont Humboldt

Du café du bout du monde …

Alors que nous buvions tranquillement une bière au bien nommée café du bout du monde, Paulo, un ami de Jean-Charles, nous lance un : « si vous le voulez, vous pouvez venir avec nous demain pour une rando. Vous êtes motivés ? ». Le sang de Sabine, la trekkeuse insatiable, ne fit qu'un tour. « Bien sûr ». Le seul problème est qu'il est pas loin de minuit. Nous n'avons qu'une barquette de frites dans le ventre, quelques bières et aucune vivre pour tenir deux jours. De plus, l'heure de rendez-vous est fixé le lendemain matin à cinq heures. A l'impossible, nul n'est tenu.

C'est écrit

La cousine de Sabine nous prête sa voiture (merci) et nous voilà partis, à la fraîche, pour ce Mont Humboldt. Une halte dans une station-service, nous permet de nous fournir en « boîtes » peu appétissantes, en eau et en pains. Nous sommes équipés a minima. Nous retrouvons les autres randonneurs dans une villa qu'ils partagent en collocation : Paulo, le scaphandrier breton, Mich, le technicien lyonnais, Laura, la véto globe-trotteuser, Lisa, l'orthophoniste délocalisée, et Vincent, le spécialiste de la roussette, la chauve-souris locale. Une sacrée équipe de z'oreilles.
 Mine exploitée

Nous rejoignons notre guide du jour qui nous permettra de rejoindre le début de la randonnée. En route, dans un virage, nous échappons de peu à un accident. Une voiture devant nous a fini dans un arbre pour éviter le véhicule arrivant en face qui avait mal calculé son virage, obstruant ainsi la voie que la voiture d'en face devait occuper. Vous suivez ? Fébrile, on gare la voiture à l'abri. Puis, nous sautons dans une fourgonnette et partons en direction de l'intérieur des terres. Le chemin est privé et nous devons relever une barrière. Nous avançons sur une piste qui mène à une mine de nickel. Le chemin que nous allons emprunter est le fruit du travail laborieux d'un homme qui a décidé de consacrer une grande partie de son temps à l'entretien du chemin. Chapeau bas monsieur … vu le terrain.

 
 Easy Sab

Nous partons sous le soleil et observons la mine de loin. Des immenses camions stationnent sur une terre orange. La montagne a été comme découpée. De gros morceaux manquent. Ils sont déjà partis vers l'Australie, le Japon ou la Corée pour être exploités On est chez un « petit minier » qui a reçu une concession de l'État français et l'exploite. Le minerai n'est pas systématiquement traité sur place. Le paysage est verdoyant, la terre toujours pastel. Le lagon au loin nous nargue. Malgré la chaleur et la proximité de l'océan, aucune baignade n'est prévue ce jour. Aymeric souffre de sa mauvaise alimentation. 

 Aymeric retrouve le sourire ... le temps de la photo

Le soleil est lourd dès neuf heures du matin. Sur le chemin, ni ombre, ni aucune source d'eau. La rude montée est interminable. Après trois bonnes heures, nous pénétrons dans un maquis d'une densité jamais vue. Il nous aura fallu plus d'une heure et demie supplémentaire pour marcher moins de deux kilomètres, entre des racines et des branches envahissantes. 

Into the wild

Notre déjeuner est rapidement pris entre deux rochers. Nous retrouvons enfin l'air libre et un petit plateau qui mène, en une petite heure, directement au refuge. Enfin … du repos.

 Au refuge
au bout du monde

Une soirée animée autour du feu nous attend. Nous prenons nos marques dans ce refuge au confort modeste. La joyeuse équipe nous régale de leurs tranches de vie calédoniennes et de leurs petits plats faits maison absolument délicieux. Paulo nous raconte « sa maison du bonheur » durant ses études, une sorte de collocation étudiante plutôt aurovillienne. 

Mer de nuages au lever du soleil

Nous finirons par dormir du repos du juste. Une dernière marche nocturne avec un départ à cinq heures du matin nous autorise un lever du soleil au sommet. Avec une lampe pour deux, nous progressons lentement dans une végétation bien nourrie. Après l'escalade de nombreuses dalles de pierre et de rocailles tranchantes, nous atteignons enfin le sommet de ce mont Humboldt (1618 mètres – deuxième sommet calédonien après le Mont Panié avec ses 1629 mètres) à l'ascension interminable.

Lagon à l'horizon

Le soleil commence à briller. Le vent chasse des mers de nuages et en ramène d'autres. Le lagon se découvre à l'est comme à l'ouest. Une symphonie de bleus et de verts colore un paysage mer et montagne. Le relief calédonien est très enchevêtré et difficile d'accès. La descente, après ce réveil précoce, fut longue et pénible. Largués par les autres du fait de notre rythme un peu lent, nous avançons avec la volonté du randonneur qui ne lâche rien. 

 Prendre son pied ... à la pause

Le panorama fut une source constante de plaisir, comme la rivière qui à notre arrivée nous offrira une fraîcheur salvatrice dans un canyon ombragé. Encore un grand merci à la fine équipe qui nous a permis de vivre tout cela. Une conclusion. Le Mont Humboldt, cela se mérite ! On comprend aussi pourquoi seulement cinq routes traversent la chaîne centrale calédonienne, un vrai mur de Berlin minéral.

 Une magnifique randonnée

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