Arrivée
dans un autre monde
Avant
d'atteindre Bora-Bora, notre avion survole l'ensemble de l'archipel
des îles sous-le-vent. Chacune d'entre elles, Taha, Raïatea et
Huaine, révèle son lagon, ses pics rocheux et ses mystères.
Bora Bora vue du ciel
Puis
l'avion s'enroule autour d'un lagon irréel, survole la barrière de
corail et plonge vers la piste d'atterrissage (construite par l'armée
américaine durant la guerre du Pacifique) qui prend place sur un
motu (îlot corallien) perdu au milieu d'un dégradé d'eau
turquoise. Un bateau nous amène jusqu'à Vaitape, le village
principal, à travers des couleurs des bleus que même un Matisse
n'aurait pu produire sur sa palette. Bienvenue à Bora-Bora.
Le bleu est d'origine
Sur
l'île, nous aurons le plaisir de séjourner dans deux pensions
différentes. La première offre un confort impeccable grâce à
l'accueil de Gérard, son gérant, toujours aux petits soins. Venu
avec son bateau il y a plus de quarante ans, il a fait souche depuis.
Il connaît très bien l'île. Ancien voyageur, il sait parfaitement
combler ses hôtes de ses anecdotes et de ses services. La seconde,
plus familiale, est tenue par une « mamie » (85 ans quand
même !) dont le sourire irradie éternellement un visage que
colore une couronne de fleurs du plus bel effet. Elle peste contre
les essais nucléaires français qui sont la cause de la disparition
de deux de ses trois enfants, atteints d'un cancer, la quarantaine
venue. D'ailleurs, le quotidien la dépêche de Tahiti du jour révèle
que le Délégué à la sûreté nucléaire, après sa visite du
centre d'expérimentation de Moruroa, affirme, droit dans ses bottes,
que les 150 essais nucléaires, dont de nombreux atmosphériques,
n'ont pas eu le moindre impact environnemental.
Les bungalows sur pilotis, ce n'est pas notre tasse de thé
Il
faut reconnaître que le lagon unique de Bora-Bora est envahi par une
multitude d'hôtels de luxe, qui sont exclusivement implantés sur
des motus, et donc éloignés de l'île principale. Des cohortes de
touristes venus des quatre coins du monde prennent leurs (chers)
quartiers pour quelques jours goûter au mythe. Les plus riches
d'entre eux viennent avec leur bateau, des yachts improbables, ou
leur avion, toujours privé. Un restaurant a pris l'habitude de
graver le nom de toutes les personnalités qu'il a eu l'occasion de
recevoir. La liste est garnie du gotha mondial, Bill Gates rejoint
Warren Buffet, les stars de la chanson celles du sport. Il ne
manquait que les noms de Sabine V. et Aymeric B., étonnamment non
renseignés. L'île a dû mal à résister à la « privatisation »
des motus. De solides fortunes, dans la lignée d'un Marlon Brando,
achètent des îlots perdus pour des sommes folles. Nous ne
souffrirons que peu de cette « jet-setisation » du lieu,
nos centres d'intérêts (et nos moyens surtout) étant ailleurs.
Le bottin mondain
Traversée
du lagon
Les transports publics sont inexistants sur Bora Bora et l'auto-stop marche par intermittence. Arrivés de nuit, la pluie commençant à tomber à grosse goutte, nous nous réfugions dans une église munis de nos énormes sacs. Le lieu est bondé. Tous les habitants sont venus assister à l'enterrement d'un jeune homme du village. On nous propose de nous asseoir, puis de nous ramener à notre pension, à la fin de la cérémonie, trois heures plus tard.
Deux messes et un enterrement
Nous irons, désormais à pied, à la plage à la pointe Matira où nous
admirons les beautés du lagon au coucher du soleil. Nous aurons
plusieurs fois l'occasion de revenir sur ce lieu paradisiaque pour
fainéanter à la tombée du jour et s'irradier des derniers rayons
du soleil.
La plage de Matira
Nous
louons aussi des vélos pour faire le tour de l'île, près de 35
kilomètres serpentant le long de la côte. Nous nous arrêtons de
temps en temps pour reprendre notre souffle à l'ombre des cocotiers.
La luminosité n'étant pas excellente ce jour-là, nos rencontres
avec l'infini bleuté seront bien limitées. Malheureusement.
On se désaltère à la bombonne
Le
point d'orgue de notre séjour à Bora-Bora sera un périple en kayak
en direction du motu proche de l'aéroport. Notre ami Gérard nous
accompagne au bord du lagon un dimanche matin. Nous raterons donc la
messe ce jour-là, à notre grand regret !
Au bord de la route
Nous voilà lancés dans
le chenal qui relie l'île haute à une série de motus. Les alizés
soufflent avec vigueur alors que des séries de vague se forment avec
régularité. Nous prenons rapidement la vague (le pli en fait) et
nous nous retrouvons sur un motu isolé dans un décor de jardin
d'eden à deux pas de la barrière de corail où viennent se briser
les vagues venues du large. La traversée nous a permis de pagayer
dans un nuancier de bleu délicat. Notre arrivée sur une plage
déserte nous offre l'occasion de nous reposer à l'ombre des filaos
qui surplombent une mer couleur émeraude au mille facettes
étincelantes.
L'île du milliardaire aux 1000 cocotiers
Notre
déjeuner sur le sable terminé, nous remontons dans nos embarcations
et filons, contre le vent, en direction d'un autre motu. Nos muscles
alanguis par la chaleur de l’après-midi souffrent pour remonter le
courant sortant. Nous zigzaguons entre les patates de corail pour
débarquer sur une plage conseillée par Gérard. Cette dernière
fait partie d'un hôtel (le Blue Heaven Island pour les amateurs) où
les bungalows de luxe accueillent une clientèle venue du monde
entier à des prix, il faut le reconnaître, peu attractifs. Nous
déposons nos kayaks sur la plage et plongeons dans une eau
rafraîchissante.
Un bout de motu accueillant
Un
rasta-chic nous accoste et nous souhaite la bienvenue et exige que
nous nous reposions tranquillement sur son domaine. En effet, il est
le gérant de l'endroit. Pas mal comme job ! Nous faisons face à
un motu recouvert d'une immense forêt de cocotiers densément
plantés. Nous apprenons plus tard que l'endroit est celui où
Paul-Emile Victor a passé toute la fin de sa vie avec sa tendre
vahiné. Son fils tahitien, Téva (et non celui qui présente
l'émission le dessous des cartes sur arte), a finalement vendu cette
vraie antichambre du paradis, à un producteur hollywoodien pour
quelques millions d'euros. Nous commençons alors à rêver, nous
aussi, de notre futur motu où bien sûr, chaque voyageur recevra
l'hospitalité polynésienne comme il se doit, puis … nous nous
réveillons !
Quand il faut repartir
La
grande Bouffe
A
Bora-Bora, nous avons littéralement pillé le supermarché local où
l'approvisionnement est quasi surréaliste pour des prix imbattables
au milieu du Pacifique. Pour l'anecdote, nous avons réussi à
engouffrer plus de trois kilos de poissons, trois kilos de viande, un
kilo de fromages et plusieurs kilos de fruits en moins d'une
semaine.
Cuisinés à la tahitienne par vahiné Sabine qui porte en toutes circonstances son tiaré à l'oreille droite, les poissons ont un goût d'exception. Le thon rouge du Pacifique (qui n'est pas en voie de disparition, contrairement à son cousin le thon rouge de Méditerranée) se révèle une merveille. Nous le déclinons en sashimi, en lait de coco, en ceviche, et surtout en mi-cuit, un véritable régal des dieux. Nous goûtons aussi au mahi-mahi à la chair délicate, à l'authentique espadon et au thon blanc ultra fondant. Nous alternons ses pêches miraculeuses avec de la viande néo-zélandaise de très bonne qualité soit en tournedos soit en côte de bœuf (pour information, moins de dix euros le kilo). Nous accompagnons tout cela d'une magnifique ratatouille polynésienne (avec du gingembre), purée de patates douces et d'ananas de Moorea revenus dans du beurre salé breton de premier choix. Nous finissons par un plateau de fromages (fourme d'Ambert, brie et fromages de chèvre). Bien entendu, la bière tahitienne, Hinano, nous facilite la digestion. Qu'elles semblent loin le temps des vaches maigres indiennes !
Poissons et viandes par kilo
Cuisinés à la tahitienne par vahiné Sabine qui porte en toutes circonstances son tiaré à l'oreille droite, les poissons ont un goût d'exception. Le thon rouge du Pacifique (qui n'est pas en voie de disparition, contrairement à son cousin le thon rouge de Méditerranée) se révèle une merveille. Nous le déclinons en sashimi, en lait de coco, en ceviche, et surtout en mi-cuit, un véritable régal des dieux. Nous goûtons aussi au mahi-mahi à la chair délicate, à l'authentique espadon et au thon blanc ultra fondant. Nous alternons ses pêches miraculeuses avec de la viande néo-zélandaise de très bonne qualité soit en tournedos soit en côte de bœuf (pour information, moins de dix euros le kilo). Nous accompagnons tout cela d'une magnifique ratatouille polynésienne (avec du gingembre), purée de patates douces et d'ananas de Moorea revenus dans du beurre salé breton de premier choix. Nous finissons par un plateau de fromages (fourme d'Ambert, brie et fromages de chèvre). Bien entendu, la bière tahitienne, Hinano, nous facilite la digestion. Qu'elles semblent loin le temps des vaches maigres indiennes !
Miam !
Pour
finir sur Bora-Bora, il a été amusant de croiser une ancienne
collègue d'Aymeric sur la plage. Devenue médecin au dispensaire,
elle assure toutes les missions de service public depuis l'île
haute. Sabine envisage maintenant de reprendre des études de
médecine !
Toujours aussi bleu
Quitter
Bora-Bora ne fut pas bien difficile puisque la destination suivante
allait nous plonger, encore une fois, dans un autre monde : l'archipel des Tuamotu !
Adieu Bora Bora
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