jeudi 10 octobre 2013

Sans chichi à Bora-Bora

Arrivée dans un autre monde

Avant d'atteindre Bora-Bora, notre avion survole l'ensemble de l'archipel des îles sous-le-vent. Chacune d'entre elles, Taha, Raïatea et Huaine, révèle son lagon, ses pics rocheux et ses mystères.

 Bora Bora vue du ciel

Puis l'avion s'enroule autour d'un lagon irréel, survole la barrière de corail et plonge vers la piste d'atterrissage (construite par l'armée américaine durant la guerre du Pacifique) qui prend place sur un motu (îlot corallien) perdu au milieu d'un dégradé d'eau turquoise. Un bateau nous amène jusqu'à Vaitape, le village principal, à travers des couleurs des bleus que même un Matisse n'aurait pu produire sur sa palette. Bienvenue à Bora-Bora.

Le bleu est d'origine

Sur l'île, nous aurons le plaisir de séjourner dans deux pensions différentes. La première offre un confort impeccable grâce à l'accueil de Gérard, son gérant, toujours aux petits soins. Venu avec son bateau il y a plus de quarante ans, il a fait souche depuis. Il connaît très bien l'île. Ancien voyageur, il sait parfaitement combler ses hôtes de ses anecdotes et de ses services. La seconde, plus familiale, est tenue par une « mamie » (85 ans quand même !) dont le sourire irradie éternellement un visage que colore une couronne de fleurs du plus bel effet. Elle peste contre les essais nucléaires français qui sont la cause de la disparition de deux de ses trois enfants, atteints d'un cancer, la quarantaine venue. D'ailleurs, le quotidien la dépêche de Tahiti du jour révèle que le Délégué à la sûreté nucléaire, après sa visite du centre d'expérimentation de Moruroa, affirme, droit dans ses bottes, que les 150 essais nucléaires, dont de nombreux atmosphériques, n'ont pas eu le moindre impact environnemental. 

Les bungalows sur pilotis, ce n'est pas notre tasse de thé

Il faut reconnaître que le lagon unique de Bora-Bora est envahi par une multitude d'hôtels de luxe, qui sont exclusivement implantés sur des motus, et donc éloignés de l'île principale. Des cohortes de touristes venus des quatre coins du monde prennent leurs (chers) quartiers pour quelques jours goûter au mythe. Les plus riches d'entre eux viennent avec leur bateau, des yachts improbables, ou leur avion, toujours privé. Un restaurant a pris l'habitude de graver le nom de toutes les personnalités qu'il a eu l'occasion de recevoir. La liste est garnie du gotha mondial, Bill Gates rejoint Warren Buffet, les stars de la chanson celles du sport. Il ne manquait que les noms de Sabine V. et Aymeric B., étonnamment non renseignés. L'île a dû mal à résister à la « privatisation » des motus. De solides fortunes, dans la lignée d'un Marlon Brando, achètent des îlots perdus pour des sommes folles. Nous ne souffrirons que peu de cette « jet-setisation » du lieu, nos centres d'intérêts (et nos moyens surtout) étant ailleurs.

Le bottin mondain

Traversée du lagon

Les transports publics sont inexistants sur Bora Bora et l'auto-stop marche par intermittence. Arrivés de nuit, la pluie commençant à tomber à grosse goutte, nous nous réfugions dans une église munis de nos énormes sacs. Le lieu est bondé. Tous les habitants sont venus assister à l'enterrement d'un jeune homme du village. On nous propose de nous asseoir, puis de nous ramener à notre pension, à la fin de la cérémonie, trois heures plus tard.

Deux messes et un enterrement

Nous irons, désormais à pied, à la plage à la pointe Matira où nous admirons les beautés du lagon au coucher du soleil. Nous aurons plusieurs fois l'occasion de revenir sur ce lieu paradisiaque pour fainéanter à la tombée du jour et s'irradier des derniers rayons du soleil.

La plage de Matira
 
Nous louons aussi des vélos pour faire le tour de l'île, près de 35 kilomètres serpentant le long de la côte. Nous nous arrêtons de temps en temps pour reprendre notre souffle à l'ombre des cocotiers. La luminosité n'étant pas excellente ce jour-là, nos rencontres avec l'infini bleuté seront bien limitées. Malheureusement.

On se désaltère à la bombonne

Le point d'orgue de notre séjour à Bora-Bora sera un périple en kayak en direction du motu proche de l'aéroport. Notre ami Gérard nous accompagne au bord du lagon un dimanche matin. Nous raterons donc la messe ce jour-là, à notre grand regret ! 

Au bord de la route

Nous voilà lancés dans le chenal qui relie l'île haute à une série de motus. Les alizés soufflent avec vigueur alors que des séries de vague se forment avec régularité. Nous prenons rapidement la vague (le pli en fait) et nous nous retrouvons sur un motu isolé dans un décor de jardin d'eden à deux pas de la barrière de corail où viennent se briser les vagues venues du large. La traversée nous a permis de pagayer dans un nuancier de bleu délicat. Notre arrivée sur une plage déserte nous offre l'occasion de nous reposer à l'ombre des filaos qui surplombent une mer couleur émeraude au mille facettes étincelantes.

L'île du milliardaire aux 1000 cocotiers

Notre déjeuner sur le sable terminé, nous remontons dans nos embarcations et filons, contre le vent, en direction d'un autre motu. Nos muscles alanguis par la chaleur de l’après-midi souffrent pour remonter le courant sortant. Nous zigzaguons entre les patates de corail pour débarquer sur une plage conseillée par Gérard. Cette dernière fait partie d'un hôtel (le Blue Heaven Island pour les amateurs) où les bungalows de luxe accueillent une clientèle venue du monde entier à des prix, il faut le reconnaître, peu attractifs. Nous déposons nos kayaks sur la plage et plongeons dans une eau rafraîchissante.

Un bout de motu accueillant

Un rasta-chic nous accoste et nous souhaite la bienvenue et exige que nous nous reposions tranquillement sur son domaine. En effet, il est le gérant de l'endroit. Pas mal comme job ! Nous faisons face à un motu recouvert d'une immense forêt de cocotiers densément plantés. Nous apprenons plus tard que l'endroit est celui où Paul-Emile Victor a passé toute la fin de sa vie avec sa tendre vahiné. Son fils tahitien, Téva (et non celui qui présente l'émission le dessous des cartes sur arte), a finalement vendu cette vraie antichambre du paradis, à un producteur hollywoodien pour quelques millions d'euros. Nous commençons alors à rêver, nous aussi, de notre futur motu où bien sûr, chaque voyageur recevra l'hospitalité polynésienne comme il se doit, puis … nous nous réveillons !

 Quand il faut repartir

La grande Bouffe

A Bora-Bora, nous avons littéralement pillé le supermarché local où l'approvisionnement est quasi surréaliste pour des prix imbattables au milieu du Pacifique. Pour l'anecdote, nous avons réussi à engouffrer plus de trois kilos de poissons, trois kilos de viande, un kilo de fromages et plusieurs kilos de fruits en moins d'une semaine. 

Poissons et viandes par kilo

Cuisinés à la tahitienne par vahiné Sabine qui porte en toutes circonstances son tiaré à l'oreille droite, les poissons ont un goût d'exception. Le thon rouge du Pacifique (qui n'est pas en voie de disparition, contrairement à son cousin le thon rouge de Méditerranée) se révèle une merveille. Nous le déclinons en sashimi, en lait de coco, en ceviche, et surtout en mi-cuit, un véritable régal des dieux. Nous goûtons aussi au mahi-mahi à la chair délicate, à l'authentique espadon et au thon blanc ultra fondant. Nous alternons ses pêches miraculeuses avec de la viande néo-zélandaise de très bonne qualité soit en tournedos soit en côte de bœuf (pour information, moins de dix euros le kilo). Nous accompagnons tout cela d'une magnifique ratatouille polynésienne (avec du gingembre), purée de patates douces et d'ananas de Moorea revenus dans du beurre salé breton de premier choix. Nous finissons par un plateau de fromages (fourme d'Ambert, brie et fromages de chèvre). Bien entendu, la bière tahitienne, Hinano, nous facilite la digestion. Qu'elles semblent loin le temps des vaches maigres indiennes !

Miam !

Pour finir sur Bora-Bora, il a été amusant de croiser une ancienne collègue d'Aymeric sur la plage. Devenue médecin au dispensaire, elle assure toutes les missions de service public depuis l'île haute. Sabine envisage maintenant de reprendre des études de médecine ! 
 
 
Toujours aussi bleu

Quitter Bora-Bora ne fut pas bien difficile puisque la destination suivante allait nous plonger, encore une fois, dans un autre monde : l'archipel des Tuamotu !

Adieu Bora Bora

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