dimanche 13 octobre 2013

Rangiroa, mon amour

Aymeric avait eu la délicate attention d'offrir à Sabine un pass Air Tahiti pour son anniversaire. Quelle bonne idée ! Nous retraversons donc le lagon de Bora-Bora (toujours aussi hallucinant), montons dans un ATR 72 et décollons en direction de Rangiroa dans l'archipel des Tuamotu.

Un anneau de corail

Rangiroa est le second plus grand atoll du monde. L'île haute a entièrement disparu sous l'eau. Il ne reste plus qu'un anneau corallien de plusieurs centaines de kilomètres de diamètre et de quelques centaines de mètres de large. La terre ferme n'est pas continue. Des motus se succèdent entre les passes, des ouvertures sur l'océan, et des hoa, des chenaux entre l'océan (tua en polynésien) et le lagon (tai-tai).

Un bout de terre posé sur l'eau

Le survol en avion de l'atoll offre pour commencer une vision unique d'une fine bande de terre qui a du mal à émerger au-dessus d'une eau, foncée pour l'océan, plus claire, et en dégradé, pour le lagon. Le pilote s'amuse à amorcer un virage au-dessus d'un lagon bleu, un lagon dans le lagon. Rangiroa a la réputation d'être un des plus beaux spots de plongée au monde. Nous allons pouvoir le constater par nous même.

Comme un tableau

Le lagon est bleu … comme un ananas

Le propriétaire de notre pension, Frédérique, nous réceptionne à l'aéroport et nous accompagne jusqu'à notre lieu de villégiature. En route, nous lui demandons quels ont été les dégâts occasionnés par la tempête de la semaine dernière. Elle nous explique qu'un de ses bungalows a été soufflé par des vents à plus de 150 km par heure et que la sécurité civile à Papeete a prévenu les autorités locales de la tempête près de cinq heures après son commencement. Belle efficacité ! Au moment où nous apprêtons à dépasser un site particulièrement touché et qu'Aymeric s’apprête à ironiser sur son très mauvais état, Frédérique ralentit et tourne à gauche. Nous sommes arrivés ! 

 
La pension après la tempête

La pension se révèle un désastre de construction. La propriétaire a en effet décidé d'arrêter ses activités la semaine suivante. Tous les bungalows sont dans un état déplorable. Sabine commence à faire grise mine lorsqu'elle constate que le site de camping n'est en fait qu'une plage de coraux aucunement abritée du vent. Les nuits s'annoncent mouvementées ! Sabine passera d'ailleurs la première nuit à rêver, dans le souffle incessant des alizés qui tordent la tente, de partir dès le lendemain pour une autre pension.

Notre maisonnée battue par le vent

Pourtant, nous n'aurons pas le temps le matin de changer de pension. Une excursion « touristique » nous attend. Direction le lieu-dit, le lagon bleu. Un pick-up rutilant nous transfère au port au petit matin et nous sautons dans un bateau solidement motorisé (plus de 250 chevaux). Il faut plus d'une bonne heure pour se rendre dans cette extension du paradis terrestre. Le bateau file à très vive allure dans un lagon où des vagues de deux à trois mètres définissent le rythme de notre avancement. Pour l'anecdote, le retour fut plus mouvementé encore. La bateau se stabilise à l'entrée d'un hoa. 
 
Transparence

Des dizaines de requins se distinguent déjà dans une eau translucide. L'équipe qui nous accompagne nous rappelle que nous plongerons ici dans quelques heures. Gloups !

Bleu des bleus

Nous partons à la découverte du lagon bleu avec nos guides tahitiens. Ils se révèlent d'une infinie gentillesse et assurent comme des pros. Nous avons droit à une randonnée aquatique à travers les motus, un repas pantagruélique (avec du café à la vanille pour finir), des démonstrations de nouage de paréos, un concert improvisé à la guitare et un anniversaire surprise. Ouf ! La moyenne d'âge est plutôt élevée. Nous sommes les « jeunes » de la troupe. Nous sympathisons avec nos guides tahitiens sous les cocotiers, loin de la mêlée. L'endroit est simplement magique !

 
 Aymeric et Moa, notre adorable guide

Le repas terminé, les choses sérieuses commencent. Le bateau fait quelques mètres, puis se fige. A l'eau maintenant. Nous nous retrouvons à barboter entourés de plus de cinquante requins, des pointes noires et des citrons essentiellement. Quel curieux sentiment de se retrouver face à un requin qui vous fonce dessus et change de direction à la dernière minute. Bien sûr, Sabine a réussi à bloquer la Go Pro juste avant. Donc aucune image. Dommage. Mais quel souvenir !

 Les dents de la mer

Vie à la tahitienne

Le soir venu, nous nous retrouvons à la pension en compagnie d'Amanda, une américaine de Seattle, et d'un couple qui enchaîne les plongés. Amanda est venue apprendre le français en faisant du woofing dans une ferme perlière à Ahé, un atoll perdu. Original ! Assez roots, elle dort dans son hamac accroché entre deux filaos face au vent. « Cute », elle a suscité la convoitise des tahitiens accompagnateurs de la sortie au lagon bleu. Tant mieux, l'un d'eux, Moa, décide de passer la soirée et le jour suivant avec nous. Une véritable plongée dans la vie tahitienne. Durant toute la soirée, il nous régale de ses anecdotes, navigant entre le français et le tahitien.

California girl

Au cours d'une baignade entre les coraux du lagon, Sabine fait la connaissance de Flo, notre voisine tahitienne. Elle pratique avec elle son activité fétiche, à savoir radio cocotier, équivalent local du téléphone arabe. Bien lui en a pris, le lendemain, Flo nous invite « au coprah » comme on dit ici.

Aymeric au travail

Nous voilà donc embarqués avec elle, son compagnon et Jojo, en direction de leur cocoterai à quelques encablures de notre pension. Nous allons passer toute la matinée en leur compagnie à dévider les noix de coco de leur amande pour les faire sécher au soleil. Le chef des opérations insiste : « Travaille doucement. Si tu es fatigué, tu te reposes. Pas la peine d'en faire trop. S'il le faut, nous finirons demain. Pas de problème ».

Sabine s'y met aussi

On est bien loin du « stress de Papeete », comme il le rappelle ironiquement sur les atolls. Le stress de Papeete, un comble ?! Les tahitiens déploient, comme d'habitude, des trésors de générosité, de gentillesse et de bienveillance. Ils ont la parole (très) facile et nous passerons plusieurs heures à échanger, sans jamais faiblir, sur la vie sous les alizés. Le coprah est une rente pour les tahitiens qui leur permet de disposer d'un peu d'argent frais. N'oublions pas qu'ici, le gouvernement du pays n'a pas souhaité adopter les minimas sociaux et les allocations chômage. L'état providence, ici, c'est le cocotier, sans qui la vie serait bien moins facile. Il faut bien reconnaître que la nature est généreuse : la lagon fournit aussi des poissons en grande quantité et que, tropique oblige, la culture des légumes et des fruits est plutôt aisée. Si l'on ajoute la solidarité familiale, personne ne meurt de faim. Et vu les carrures physiques, autant vous dire qu'ici la faim se comble à coups de portions gigantesques et que la soif s'étanche par caisses de bières. Flo nous précise que le week-end venu, il n'est pas rare qu'un tahitien enfourne ses trois ou quatre caisses et s'adonne à la baston du vendredi et samedi  soir. Pour précision, la caisse est de dix litres !

Et voilà le travail !

A l'ombre des cocotiers en fleurs, Sabine s'essaye aux gestes ancestraux avec une certaine dextérité il est vrai, mais sans la rapidité des gestes sûrs des travailleurs expérimentés. Nos hôtes insistent pour nous offrir un « casse-croute ». Le compagnon de Flo nous raconte alors son séjour à la prison de Papeete, "l'hôtel California" comme il la nomme, il y a quelques années déjà. Ébahis, nous écoutons. « J'ai passé un séjour fantastique la-bas. La nourriture est délicieuse. J'ai été formé. J'ai rencontré plein de monde. Les activités étaient très bien organisées. J'ai amélioré mon français. J'ai presque été triste de la quitter ». Recherche faite, aujourd'hui, ce « paradis » est dans un état épouvantable, mais est toujours en capacité de recevoir des hôtes de marque. Papa Gaston en sait quelque chose !

Sabine et Flo

Nous retrouvons nos hôtes à l'heure du dîner. Leurs enfants sont présents autour d'un barbecue pour une veillée comme seuls les tahitiens peuvent le faire. Douce vie tahitienne. 
 
Comme une noix de coco sur son motu

Le lendemain sonne l'heure du départ. Tôt levé, Aymeric est surpris à la fraîche par Moa qui souhaite offrir à vahiné Sabine quelques cadeaux. Il est 5h45 ! Au réveil, Sabine se retrouve avec : un collier de coquillages, un fleur de frangipanier et un adorable petit sac tressé. Sans notre refus, nous nous serions retrouvés avec des t-shirts et d'autres choses encore ! Merci à lui ! Toujours cette hospitalité polynésienne totalement bluffante. Moa nous révèle qu'il est un danseur hors-pair et qu'il fait partie d'un groupe. Il nous précise que dans un ou deux ans, il ira danser à Tahiti. Bonne chance à lui.

 La fine équipe

De notre côté, après une dernière visite de la passe nord, nous partons après des adieux chaleureux pour aller … danser avec les requins à Fakarava.

Rangi

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