A
bord de notre Camper Van, nous allons déambuler du Nord au Sud, puis
du Sud au Nord, expérimentant le pire comme le meilleur du temps de
l'Aotearoa, le pays si
bien-nommé du long nuage blanc.
Notre trajet en rouge
Ainsi,
le Mont Cook, le plus haut sommet du territoire, et le Tongariro, le
volcan régnant en maître sur l'île du Nord, resteront pour nous
nimbés de mystères, enveloppés qu'ils étaient dans un brouillard
aux profondeurs insondables.
Au pays du long nuage blanc
Il
faudra nous contenter de visionner le « seigneur
des anneaux »
(en profitant du lecteur DVD de notre nouveau carrosse, ce qui
faillit bien vider le reste de la batterie) pour imaginer les
paysages lunaires qui couvrent cette partie du monde.
Jeux d'ombre et de lumière
Mais,
concentrons-nous avant tout sur les vues panoptiques dont nous avons
pu pleinement profiter.
A la recherche du soleil
Des
glaciers embrumés
Dès
les premiers jours, nous
nous
rendons sur le site des deux principaux glaciers de l'île du Sud,
Franz Joseph et Fox. Fait rare à l'échelle de la planète, ils se
situent au niveau de la mer. Nous atteignons les lieux dits par le
biais de courtes randonnées ornées d'innombrables fougères en
forme de palmier, dont certaines au reflet argenté constituent l'un
des symboles identitaires du pays.
Un décor de fougères
L'horizon
est gorgé de larges nuages masquant les chaînes de montagnes
environnantes. Le contraste est saisissant entre la nature tropicale
foisonnante, l'austère univers rocailleux et le bleuté des blocs de
glace creusant le sillon d'une vallée profonde. Chauvin, Aymeric
fait remarquer que
« cela ne vaut pas la mer de glace chamoniarde !».
Au-dessus de nos têtes, des hélicoptères dansent la ronde sans
interruption, offrant des excursions touristiques à prix d'or.
Peut-être, ces passagers des airs, ont-ils captés, au-dessus des
nuages, de maigres rayons de soleil.
Une touche de couleur dans cet univers rocailleux
Par
le plus grand des hasard, nous croisons, de retour au parking,
Natacha et Guillaume, le couple en tour du monde avec lequel nous
avions accompli (il y a six mois déjà!), le trek des Anapurnas.
Nous échangeons, à bâton rompu, nos dernières anecdotes de
voyage, nous livrant à une discussion de baroudeurs qui aurait pu
durer, sans difficulté, une éternité.
Glacier tropical
Des
montagnes enneigées
La
suite du trajet, réputé superbe, nous emmène dans le centre
montagneux de l'île du Sud. Un brouillard dense nous enserre tel un
étau de brume, gommant la moindre perspective.
Arbre façonné par le vent
Nous
tentons tout de même la pause déjeuner en bord de mer. Mais, le
vent est si violent qu'il nous faut courir après nos sacs emportés
par des rafales terribles. L'idée de passer la soirée dans un
camping isolé nous donne la chair de poule.
Quand la nuit tombe
Après
une nuit sans étoile, nous découvrons le lendemain, ébahis, un
ciel d'un bleu limpide dévoilant sous sa voûte une succession de
monts enneigés se reflétant dans les lacs qu'ils entourent.
Le soleil brille enfin
La
vue à 360 degrés est tout simplement époustouflante ! Wanaka,
bourgade tranquille lovée au cœur de ce relief d'exception, est
sans conteste la perle de notre voyage néo-zélandais.
Le lac Wanaka dans toute sa splendeur
On
ne se lasse pas d'admirer les points de vue au cours de randonnées
bordant des lacs (diamond lake) et grimpant à la base des glaciers
(rob roy glacier).
Succession de monts enneigés
On
ira même jusqu'à pousser le vice en montant (en stop) à la station
de ski voisine, Treble cone … sans ski. Cela
nous vaudra quelques réflexions gauguenardes : « Have
you forgotten your ski ? » ; et bien,
figurez-vous que nous venons d'inventer le air ski.
Vue d'en haut
Queenstown,
la capitale du Sud, revêt à nos yeux moins d'attrait, car elle est
beaucoup plus touristique que sa voisine. Glenorchy, à l'autre bout
du lac, auto-proclame sur son panneau d'entrée « welcome
to paradise ».
On y était
Ces
villes de pionniers, construites à la va-vite lors des ruées vers
l'or, restent fières d'être au bout du monde, isolées de tout et
de tous.
On ne se lasse pas
Mais,
nous rappelle-t-on, derrière ces maisons rustiques, le lait a
remplacé les filons d'or et sous ces agriculteurs à chemise à
carreaux, se cachent de véritables milliardaires, enracinés sur
leur immense terrain si difficile à partager.
Dans la mare
Des
fiords encaissés
Nous
poursuivons notre route, toujours plus au sud, toujours sous un ciel
d'exception.
Direction le sud
Celle-ci
se faufile entre les lacs émeraudes, les vallées encaissées et les
pics enneigés.
Mirror lake
Elle
s'achève sur une échancrure de mer, le fiord du Miford Sound, d'où
s'élancent des pitons rocheux vertigineux.
Milford Sound
Les
paysages sont éblouissants !
Le pic Mitre
Les
excellents treks ne manquent pas, notamment parmi les neuf Great
Walks néo-zélandais.
Pic neigeux
Nous
entamons les premières étapes de trois d'entre eux.
Routeburn Track
Ces
sentiers de randonnée sont extrêmement bien entretenus, tracés au
cordeau.
Ils
sont agrémentés de caillebotis flottant au-dessus d'une végétation
magique.
Un
régal pour les marcheurs !
Nous
nous extasions devant les tapis de fougères et les cimes de lichen,
dressant un décor onirique d'où l'on imagine sans mal sortir de
petits lutins.
Mais,
ce sont surtout des oiseaux, par milliers, qui peuplent les forêts.
Sans
oublier les milliards de mouches des sables, les sandfly, qui
pullulent sur les plages.
Ces
derniers dévorent, voraces, les peaux de ceux qui osent s'arrêter
en leur royaume.
Des
péninsules découpées
Nous
remontons ensuite vers le nord, avec une halte, non loin de
Christchurch, sur la péninsule de Banks.
Remontée vers le Nord
Au
bout de cette avancée de terre déployant ses pattes de géant, se
trouve, niché entre des baies arrondies, l'adorable village
d'Akaroa.
C'est
ici que les français furent sur le point de déclarer la
Nouvelle-Zélande, possession française en 1850. Mais, c'était sans
compter les deux ans de retard que nous avions sur les anglais,
venant tout juste de signer le traité de Waitanga plaçant la
Nouvelle-Zélande sous protection de la Couronne britannique.
Notre drapeau tricolore
Cela
n'empêche pas la ville de conserver jalousement ses affinités avec
la France. Le drapeau tricolore flotte triomphalement au vent, tandis
que l'anglais fait grise mine.
On
retrouve des noms français à jamais gravés sur les tombes. Les
rues, que nous arpentons à vélo, sont bordées d'adorables maisons
victoriennes, dont l'une, répondant du nom original de « chez
la mer », nous hébergera pour la nuit.
Des
bistrots à la française affichent des menus alléchants, tandis
qu'un cinéma d'art et d'essai projette les dernières réalisations
francophones. Même Michel Rocard, alors ministre, s'était rendu à
Akaroa en visite officielle ; une plaque commémore ce moment
historique.
L'autre
péninsule, au Nord-Ouest de l'île du Nord, que nous visiterons
partiellement, est celle des Coromandel. Les routes sont de
véritables tortillards. La vitesse de croisière ne dépasse pas les
30 km/heure. Nous abandonnerons vite le projet d'en faire le tour
entier. Notre point de chute, Cathedral cove, sorte d'arcane
en calcaire, se détache avec délicatesse sur le fond d'îlots
dispersés dans une immense baie.
La
terre dans tous ses états
La
Nouvelle-Zélande est au cœur de phénomènes géologiques d'ampleur
dont certaines manifestations sont observables à l’œil nu. Les
volcans restant enveloppés dans un brouillard opaque, nous nous
consacrerons plutôt à la visite d'un parc géothermique. L'activité
sismique y est incroyable : fumées, eaux bouillonnantes,
terrasses en silice, lacs aux couleurs turquoises, piscine de
champagne au pourtour orangé. Nous restons fascinés par les volutes
de fumée qui s’échappent, en gargouillant, de la grotte du
diable.
Cela
nous coûtera la perte de l'appareil photo, dont l'objectif a été
gravement endommagé par les épaisses fumées soufrées. Nous
tenterons de le faire réparer ; mais, absurdité de nos
sociétés de consommation, la réparation est trois fois plus chère
que l'achat d'un nouvel appareil. On aimerait parfois avoir conservé tout
le génie du savoir-faire indien capable de rafistoler tous les
objets possibles et imaginables.
L'autre
témoin de cette intense activité sismique est la « hot water
beach ». Sur cette plage, il vous suffit de creuser un trou
dans le sable pour que remonte à la surface une eau bouillonnante.
Nous restons, ainsi, à la tombée du jour, les pieds au chaud,
écoutant le doux son du Ukulélé joué par un anglais de passage.
L'air de la Polynésie française résonne déjà par-delà le
Pacifique.
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