samedi 28 septembre 2013

Bourlingue en Camper Van 

Premiers kilomètres

De longue date, nous avions prévu de louer un Camper Van, espèce hybride entre la voiture et le camping-car. Nous rêvions de cette aventure, libres de nos déplacements, indépendants, à la découverte d'une nature sauvage et préservée. Un Robinson en roulotte en quelque sorte !

Le mythe en noir et blanc

L'agence Jucy, par ses prix avantageux et ses couleurs criardes, a sans hésitation retenu toute notre attention. De vert et violet fluo revêtue, notre nouvelle compagne, symbolisée par une pin-up affriolante, ne passe pas inaperçue, c'est le moins qu'on puisse dire, et dès qu'elle croise l'une de ses camarades, c'est immédiatement des concerts de klaxons et des feux d'artifices d'appels de phare. Nous voilà pleinement intégrés à la solidarité de la « Jucy life » ! 
 
La réalité en vert et violet

La prise en main du véhicule est délicate, la conduite à gauche étant de rigueur. Aymeric, après quelques hésitations et contre-sens, finira par trouver rapidement ses repères. Sabine s'essayera bien quelques minutes au volant, mais abandonnera très vite l'idée de s'engager sur les tortillards sinueux à la néo-zélandaise.

Sur la route

Nous partons, enthousiastes, pour ces dix-sept jours de road-trip, répartis en neuf jours de location et huit jours de « relocation », un système intéressant où l'on peut ramener le véhicule en échange de la gratuité de la location ; mais ce sera sans compter le nombre de kilomètres à parcourir en un temps record. Sans vraiment l'anticiper, nous allons parcourir plus de 5 500 kilomètres. A vos compteurs !

Direction le Paradis, sans retour

Cuisine à la bourrasque

Le véhicule se compose à l'arrière de deux banquettes coulissantes permettant de constituer un lit plutôt douillet, en rapport aux matelas de sol de la tente. Une petite cuisine trône en lieu et place du coffre à l'arrière, permettant de préparer nos repas en plein air. 
 
Une cuisine bien aérée

Le seul hic, c'est que nous sommes en plein cœur de l'hiver austral, petits êtres perdus entre les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants. Face à l'assaut des vents furieux de l’antarctique, notre seule source de chaleur, une petite flammèche de gaz, chancelle. Aymeric s'escrime, contre vents et marées, à faire bouillir de l'eau tandis que Sabine maintient des torchons pour parer aux bourrasques.

Va ta faire cuire un oeuf !

Un bon matin brumeux, grêleux et venteux, Aymeric a frôlé la mort de froid, au cours de sa lutte acharnée pour faire cuire des œufs au bacon. Il déclarera forfait tandis que Sabine se retrouvera dans la voiture, la poêle entre les mains, avec deux œufs crus flottants, dans l'attente d'un temps plus clément. Vous l'aurez compris, nos repas (à la chandelle tout de même) sont frugaux. Nous avons même fini par considérer le thon en boîte comme un met d'exception !

 Diner à la chandelle 

Nuits sauvages

Les nuits sont aussi froides qu'isolées. Au cours de notre périple, nous faisons la découverte des campings du DOC, le Department of Conservation, véritable institution qui gère avec un sérieux irréprochable le patrimoine naturel néo-zélandais. Les emplacements qu'il offre sont certes sommaires, munis essentiellement de toilettes sèches, mais réellement situés au bout du monde. Rien de mieux pour se retrouver encerclés d'une nature sauvage avec les étoiles pour seule compagnie. Parfois, des wallabies, les yeux écarquillés à notre arrivée, nous laissent le champ libre après quelques bonds hésitants.

C'est ça un campement du DOC

Les camping sont souvent difficiles d'accès, mais nous apprendrons à nos frais qu'il est parfois encore plus difficile d'en repartir. Un soir, nous étions lancés, téméraires, sur la piste d'un camping isolé, uniquement accessible par une piste en gravier, au bord du lac Wanaka. Le temps est exécrable, le brouillard impénétrable et la pluie diluvienne. Nous débarquons sur un terrain désert, comme toujours, et nous nous carapatons rapidement dans nos duvets. Sabine a le sommeil tumultueux, cauchemardant d'un ranger muni d'un fusil venu de sa forêt obscure nous déloger. 

 
 Premier matin

A l'aube, nous nous réveillons, sains et saufs, sans le moindre ranger en vue, avant de nous apercevoir qu'il est impossible d'ouvrir le campervan. Le système automatique des portières est inefficace : les porte sont tout simplement bloquées par le gel. Nous voilà prisonniers de notre véhicule, sans une âme qui vive à l'horizon ! Il nous faudra attendre patiemment le soleil, heureusement radieux ce jour là, pour qu'il nous délivre de ses rayons bienfaiteurs.

Deuxième matin

Outre les campings du DOC, nous avons aussi testé la place de parking, en pleine capitale, aussi modeste soit-elle. Ne sachant pas si le campement « à la sauvage » était autorisé, nous avons dormi que d'un œil et d'une oreille, sous le couloir aérien, ballottés par des vents furieux de l'océan, avant de lever le camp à l'aube, sans pouvoir saluer Jérémy et Tui encore endormis, en ce dimanche matin. Circonstance atténuante : le ferry, en grand retard, nous avait déposé dans le port après deux heures du matin !

Troisième matin

Douche ou bain ?

Le réservoir d'eau étant réduit, nous nous employons à économiser chaque goutte d'eau. En l'absence de douche, nous prendrons donc... des bains.

Calme, luxe et volupté

Effectivement, pour éviter que les cheveux de Sabine ne se transforme en dread locks indémêlables, nous profitons des nombreux bains thermaux dont regorge la Nouvelle-Zélande grâce à son intense activité volcanique : bains en prairies (Hanmer Spring), bains en forêts de fougères (glacier Franz Joseph), bains en bord de lac (Rotorua) et notre préféré, le bain face aux montagnes enneigées (lac Tekapo). 

 Bain scandinave

On use et abuse de ces moments d'une divine douceur, tout à fait comparables aux bains de Budapest !

 Bain, lac et montagnes

Vannés du van ... 

Il faut bien vous avouer qu'après plus de cinq mille cinq cents kilomètres parcourus (conduite à gauche), plus de quinze nuits dans des conditions rustiques, vingt millions de moutons croisés, et si peu de néo-zéandais, nous n'étions plus très loin de la crise de nerf aux derniers jours de notre virée en solitaire.

 
Des zig-zags...

Aymeric fut pris de soudains tirages de langue incontrôlés (façon Louis de Funès) et Sabine envisageait, en co-pilote avisée, des trajets de plus en plus fantaisistes (« Cela te dit un camping à moins de 265 kilomètres ?» alors qu'il fait déjà nuit noire). 

 
Des moutons...

On a frôlé la folie, mais, heureusement, la beauté époustouflante des paysages était plus qu'au rendez-vous !

  
Et des boîtes aux lettres 

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