samedi 28 septembre 2013

Christchurch, la ville martyre

Nous quittons dans un grand déchirement Kaikoura pour poursuivre, plus au Sud, jusqu'à Christchurch, capitale de l'île du sud où nous devons récupérer notre campervan pour débuter notre road-trip. Le bus nous lâche dans une rue sans intérêt, à quelques pas du centre ville, nous dit-on. Nous savions que la ville avait été ravagée par une série de tremblements de terre entre entre 2010 et 2011. C'est une vision d'horreur que nous allons percevoir durant notre court séjour, celle d'une ville détruite par la furie des forces telluriques.

Une centre ville rayée de la carte 

Le chemin que nous empruntons pour rejoindre notre auberge serpente entre des terrains vagues démunis de toute habitation. Chaque espace vide correspond à un immeuble qui a été, soit détruit par le tremblement de terre, soit rasé en raison de ses fragilités. Nous sommes envahis d'un sentiment étrange, celui de visiter une ville après un bombardement effroyable.

 
Quartier d'affaire ébranlé

Un tiers du centre ville n'a pas résisté à la puissance des différentes secousses. Tout le patrimoine historique décrit avec moultes détails dans le guide n'existe plus. De la ville la plus victorienne de Nouvelle-Zélande, il ne reste que peu de choses. Christchurch est une ville qui n'en finit pas de panser ses plaies : la cathédrale s'est effondrée, les principaux monuments publics sont entourés de palissades de sécurité qui les rendent inaccessibles, les commerces sont fermés, des containers, fraîchement installés, accueillent des échoppes dans une centre ville provisoire. 

 
Une ville en travaux permanents

Les travaux de reconstruction, bloqués par des contentieux sans fin entre les compagnies d'assurance, n'ont qu'à peine débutés. La phase de démolition n'est même pas encore terminée, trois ans après les faits. Près de cent cinquante personnes n'ont pas survécu aux différents quakes

 
No man's land

Un mémorial bouleversant, un parterre de chaises blanches vides, une pour chaque victime, trône près d'une chapelle ardente. L'émotion est encore palpable chez la plupart des habitants. Une exposition dans la rue affiche les témoignages de ces derniers durant et après les secousses. Ils sont éloquents. Ils ont vu tout ce qu'ils possédaient de plus cher disparaître en quelques minutes, ils doivent ensuite trouver la force de continuer à vivre. Le plus grand nombre ne s'en est jamais remis. 

 
Parterre de chaises vides

La ville de Christchurch démontre, plus que n'importe quel discours, que la Nouvelle-Zélande est une terre en formation où les éléments, d'une puissance redoutable, s'expriment avec fréquence à travers son lot de destruction.

 
Un mémorial émouvant

Un reste d'humanité

L'effroi que nous inspire cette ville de Chirstchurch est contrebalancé par les rencontres régénérantes que nous faisons. Nous croisons un étudiant français qui a passé six mois à l'université pour suivre un stage. Il nous raconte ses expériences, et notamment celle où il est allé se baigner avec les clefs de sa voiture de location qu'il a perdues en plein océan ! Il a dû ensuite passer la soirée en maillot de bain détrempé par de fraîches températures à attendre le dépanneur. Prions pour que cette déconvenue ne soit pas aussi la nôtre.

Nous faisons également la connaissance d'un couple de français, Leslie et Jean-Baptiste, qui ont sillonné l'île du nord durant six mois, enchaînant les woofing dans des lieux improbables et l'auto-stop sur les routes peu fréquentées de la Nouvelle-Zélande. Leurs anecdotes et leurs connaissances fines de la culture néo-zélandaise nous offrent des éclairages enrichissants, comme l'attribution d'une aide publique controversée destinée aux maoris en échange de la spoliation de leurs terres ancestrales. Ils ont pu aussi séjourner chez des familles maories et se plonger ainsi dans leurs modes de vie. Ces rencontres nous apportent un éclairage plus humain dans cette bien triste ville de Christchurch.

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