Nous
quittons dans un grand déchirement Kaikoura pour poursuivre, plus au
Sud, jusqu'à Christchurch, capitale de l'île du sud où nous devons
récupérer notre campervan pour débuter notre road-trip. Le bus nous
lâche dans une rue sans intérêt, à quelques pas du centre ville,
nous dit-on. Nous savions que la ville avait été ravagée par une
série de tremblements de terre entre entre 2010 et 2011. C'est une
vision d'horreur que nous allons percevoir durant notre court séjour,
celle d'une ville détruite par la furie des forces telluriques.
Une
centre ville rayée de la carte
Le chemin que nous empruntons pour
rejoindre notre auberge serpente entre des terrains vagues démunis
de toute habitation. Chaque espace vide correspond à un immeuble qui
a été, soit détruit par le tremblement de terre, soit rasé en
raison de ses fragilités. Nous sommes envahis d'un sentiment
étrange, celui de visiter une ville après un bombardement
effroyable.
Quartier d'affaire ébranlé
Un tiers du centre ville n'a pas résisté à la puissance
des différentes secousses. Tout le patrimoine historique décrit
avec moultes détails dans le guide n'existe plus. De la ville la
plus victorienne de Nouvelle-Zélande, il ne reste que peu de choses.
Christchurch est une ville qui n'en finit pas de panser ses plaies :
la cathédrale s'est effondrée, les principaux monuments publics
sont entourés de palissades de sécurité qui les rendent
inaccessibles, les commerces sont fermés, des containers,
fraîchement installés, accueillent des échoppes dans une centre
ville provisoire.
Une ville en travaux permanents
Les travaux de reconstruction, bloqués par des
contentieux sans fin entre les compagnies d'assurance, n'ont qu'à
peine débutés. La phase de démolition n'est même pas encore
terminée, trois ans après les faits. Près de cent cinquante
personnes n'ont pas survécu aux différents quakes.
No man's land
Un
mémorial bouleversant, un parterre de chaises blanches vides, une
pour chaque victime, trône près d'une chapelle ardente. L'émotion
est encore palpable chez la plupart des habitants. Une exposition
dans la rue affiche les témoignages de ces derniers durant et après
les secousses. Ils sont éloquents. Ils ont vu tout ce qu'ils
possédaient de plus cher disparaître en quelques minutes, ils
doivent ensuite trouver la force de continuer à vivre. Le plus grand
nombre ne s'en est jamais remis.
Parterre de chaises vides
La ville de Christchurch démontre,
plus que n'importe quel discours, que la Nouvelle-Zélande est une
terre en formation où les éléments, d'une puissance redoutable,
s'expriment avec fréquence à travers son lot de destruction.
Un mémorial émouvant
Un
reste d'humanité
L'effroi que nous inspire cette ville de
Chirstchurch est contrebalancé par les rencontres régénérantes
que nous faisons. Nous croisons un étudiant français qui a passé
six mois à l'université pour suivre un stage. Il nous raconte ses
expériences, et notamment celle où il est allé se baigner avec les
clefs de sa voiture de location qu'il a perdues en plein océan !
Il a dû ensuite passer la soirée en maillot de bain détrempé par
de fraîches températures à attendre le dépanneur. Prions pour que
cette déconvenue ne soit pas aussi la nôtre.
Nous faisons également la
connaissance d'un couple de français, Leslie et Jean-Baptiste, qui
ont sillonné l'île du nord durant six mois, enchaînant les woofing
dans des lieux improbables et l'auto-stop sur les routes peu
fréquentées de la Nouvelle-Zélande. Leurs anecdotes et leurs
connaissances fines de la culture néo-zélandaise nous offrent des
éclairages enrichissants, comme l'attribution d'une aide publique
controversée destinée aux maoris en échange de la spoliation de
leurs terres ancestrales. Ils ont pu aussi séjourner chez des
familles maories et se plonger ainsi dans leurs modes de vie. Ces
rencontres nous apportent un éclairage plus humain dans cette bien
triste ville de Christchurch.
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