Après
notre semaine de woofing, nous reprenons la route pour descendre au
sud de l'île du Nord et atteindre Wellington, la capitale de la
Nouvelle-Zélande, dont la réputation, totalement fondée, est
d'être une ville où un vent froid s'engouffre dans chaque rue pour
abaisser les températures de quelques degrés, la fameuse Windy
Welly.
Downtown
Le
trajet en bus, près de onze heures, nous donne une première
occasion de traverser des paysages grandioses, même si le beau temps
n'est pas au rendez-vous. Nous longeons le lac Taupo et ses volcans
qui restent dans un brouillard tenace. De nuit, nous arrivons à
Wellington, plongés dans un froid glaçant.
Chez
Jérémy et Tui
Sébastien
(merci à toi!) nous a transmis le contact de Jérémy qu'il avait
accueilli quelques jours durant son séjour tokyoïte. Avec
gentillesse, celui-ci va nous offrir une hospitalité bienvenue.
Installé à Wellington depuis cinq ans, ce marseillais d'origine,
dont le père est américain, a décidé de s'installer aux antipodes
suite à un volontariat international réussi à l'ambassade de
France et après avoir trouvé l'amour en la personne de Tui, une
néo-zélandaise s'exprimant dans un parfait français.
Un chemin d'accès vertigineux
Chaleureusement, ils nous accueillent dans leur maison perchée au
sommet d'une colline surplombant la baie. Nous passerons trois jours
merveilleux grâce à leur bonne humeur contagieuse, entre les
cocktails atomiques de Jérémy et les cookies croustillants de Tui.
Leur maison, et non leurs photos que l'on n'a pas !
Nous
partons en escapade pour découvrir la ville. Première destination :
le Mont Victoria. Nous traversons une série de parcs enchâssés
entre les maisons victoriennes pour arriver à un point de vue unique
sur la baie. Nous dominons la ville qui s'étire, comme un hameçon
(dixit la légende maorie), autour de l'eau.
Banc public sur la baie
Une ancienne île a
rejoint le continent suite à un tremblement de terre qui a formé
une langue de terre où s'installe maintenant l'aéroport. Une chaîne
de montagnes arrondies se détachent plus à l'est. Le détroit de
Cook annonce l'île du Sud. Le pôle sud « n'est qu'à »
5.000 kilomètres, Wellington est la capitale la plus septentrionale
du monde.
A travers les arbres
L'après-midi sera consacrée à la visite du jardin
botanique qui s'enroule autour du centre ville. Nous sommes frappés
par l'absence de monde dans les rues. On est bien loin de
l'effervescence des capitales asiatiques. Ici, croiser un passant
relève de l'exploit. La ville ne compte que 300.000 habitants. Nous
nous demandons où se cachent-ils tous en lançant des « Ya
ke kin ? » restant sans réponse.
La plus grande foule croisée !
La
Nature est dans la ville
Le
lendemain, nous prenons la direction du sud pour une rando côtière.
Un bus nous laisse au milieu de nulle part et nous nous engageons le
long de la plage. Nous sommes attentifs aux indications ordonnant de
grimper sur les collines environnantes en cas de tsunami.
Sauve qui peut
En effet,
située sur une faille sismique, Wellington s'étire sur la ceinture
de feu du Pacifique et est fortement exposée aux risques de
tremblement de terre. La population est grandement sensibilisée à
cet aléa déjà destructeur dans le passé.
Le haut pourrait aussi être le bas
Notre
destination est une colonie de phoques à fourrure qui prend ses
quartiers d'hiver sur une pointe rocheuse. Durant deux heures de
marche, nous prenons le temps d'admirer le détroit et la chaîne de
Kaikoura qui se détache, au dessus de la mer, grâce à ses sommets
blanchis.
Premiers dômes enneigés
Dans une odeur nauséabonde, les phoques lézardent des
heures en plein soleil. Rien ne semble disposer à perturber leur
sieste nonchalante. Nous observons, à bonne distance, leur manège.
Leurs grognements viriles s'ajoutent au son lancinant du ressac.
Comme ça, ils ont l'air inoffensif
Sur
le chemin du retour, nous choisissons de rentrer par l'intérieur des
terres. Sans le savoir, nous voilà embarqués pour trois heures et
demi d'une marche à travers les montagnes. Les panoramas en valent
la peine puisque Wellington nous apparaît sous de nouveaux points de
vue. Heureusement, le soleil est au rendez-vous.
En route vers les sommets
Le
soir nous décidons de cuisiner, pour nos hôtes, un gratin
dauphinois qui devient pour Tui, un « gratin chinois »
à cause de notre prononciation trop rapide. Jérémy se révèle un
grand amateur de cocktails et nous sert quelques unes de ses
créations, parfaitement exécutées. La conversation s'anime sur les
subtilités de la vie néo-zélandaise et les anecdotes de voyage,
notamment en Asie que Jérémy a sillonnée de nombreuses fois. Ce
couple franco-néo-zélandais transpire le bonheur. Leur conversation
est toujours enrichissante.
Un esprit sain dans un corps sain à la sauce kiwi
Le lendemain, cela sera au tour de Tui de
préparer une excellente spécialité néo-zélandaise pour notre
dernier dîner commun et à Jérémy de nous servir son Manhattan des
grands jours. Encore un grand merci à vous deux pour votre accueil.
A home away from home
Le
dernier après-midi, nous prenons le temps de visiter le Te Papa,
immense musée où se concentre toute la vie culturelle et historique
néo-zélandaise. Nous nous sensibilisons à l'histoire de ce pays
pionner où les maoris, ces polynésiens installés dans un pays
froid, ont dû batailler pour garder une place et leur identité sur
leur propre terre. Nous constatons aussi qu'il a manqué peu de
choses pour que le pays ne devienne un territoire français.
Ambiance polynésienne dans un café
Les
guitares polynésiennes qui s'échappent d'une salle nous rappellent
que la Nouvelle-Zélande est la capitale du Pacifique puisqu'elle
accueille de nombreuses populations insulaires venues des Samoa,
Tonga et autres Fidji. Nous comprenons aussi certaines contradictions
du développement économique du pays qui s'adosse bien, malgré le
discours de façade, à une exploitation effrénée des ressources
locales, parfois au-delà même du raisonnable. Plus que tout autre
pays du monde, la Nouvelle-Zélande donne à vivre une Nature en
constante évolution - ici, le temps géologique s'inscrit dans le
présent - qui affirme toujours sa prééminence. La suite du voyage
nous le prouvera avec la plus grande acuité.
Premiers fjords
Avec
émotion, nous quittons notre cocon wellingtonien et embarquons, à
la fraîche, dans le ferry (ancien des liaisons Corse-continent
d'ailleurs) pour traverser le détroit et parvenir à Picton. La
traversée brumeuse des Malborough Sounds, les magnifiques fjords
locaux, nous annoncent la suite de notre périple : des
montagnes plongeant dans la mer à perte de vue où les modestes
habitations sont l'exception et la vie sauvage, la norme authentique.
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