Le
jour où la terre a tremblé
La terre ferme retrouvée, nous embarquons à bord d'un Naked
Bus pour
rejoindre la ville de Neslon, au nord de l'île du Sud, qui se trouve
d'ailleurs « plus
au nord que le sud de l'île du Nord »
(vous suivez toujours ?) comme aime à le rappeler Jérémy.
Nervure sur macadam
Nous
parvenons paisiblement à notre auberge, lorsque la réceptionniste
nous accueille, avec la plus vive excitation: « Avez-vous
ressenti le tremblement de terre ? ».
A notre grand étonnement, nous apprenons que nous venions de
traverser l'épicentre du séisme, d'une magnitude de 6.5 sur
l’échelle de Richter, une heure auparavant sans ressentir la
moindre secousse ! A Wellington que nous venions de quitter le
matin-même, le tremblement de terre a été ressenti plus
violemment, la capitale étant située à cheval sur la faille
sismique.
Vins à terre
En
ce vendredi 16 Août, les répliques n'auront de cesse de se
succéder, sans que nous soyons en capacité de sentir la terre
bouger, alors même que tous les résidents de l'auberge les
détectent sans la moindre hésitation. Nous sommes néanmoins aux
aguets prêts à plonger sous la table au moindre signe d'alerte.
Le Big Quake fait les gros titres
Le mouvement de la
croûte terrestre, si perceptible en ce jour, nous rappelle la
précarité de notre existence humaine. Rien de cette nature, qui
nous paraît si facilement immuable, n'est définitivement acquis.
Peu engageant pour notre projet de randonnée dans la région !
On
a marché... sur la terre
La
ville de Nelson est le point de départ d'une randonnée très
populaire en été, mais désertée en hiver, l'Abel Tasman Coast
Track, longeant la côte préservée de l'île du Sud. L’endroit
est une page d'histoire française. Deux siècles plus tôt, le
navigateur Dumont D’Urville cartographia la zone.
Premiers pas
Nous
préparons avec minutie notre trek que nous réaliserons en complète
autonomie. Nous veillons à n'emporter rien de superflu, réduisant
notre paquetage à l'indispensable nécessaire : tente, duvet,
matelas de sol, eau et vivres (déshydratés) pour quatre jours.
La baie où prendre ancrage
Fin
prêts, nous endossons nos lourds sacs à dos, Sabine se demandant
comment elle allait supporter, durant les cinquante kilomètres qui
nous attendent, la dizaine de kilogrammes qui lui cisaille déjà les
épaules (bien qu’elle soit allée jusqu'à compter les pastilles
désinfectantes de l'eau unes à unes dans l'espoir d'alléger sa
charge).
La baie du pommier
Le
jour de notre départ, le temps est exceptionnellement clément. Le
sentier, parfaitement aménagé, large et lisse, s'enfonce dans une
végétation dense.
Passerelle végétale
Les fougères arborescentes laissent échapper,
ça et là, un panorama merveilleux sur des plages de sable fin
ourlées d'une mer émeraude. Le bleu du ciel se reflète dans les
yeux d'Aymeric, qui serait prêt à s'envoler de bonheur s'il avait
les ailes des nombreux oiseaux qui pépient
dans les arbres environnants.
En pleine extase
Pas
à pas, nous pénétrons dans le rythme lent de la marche, bercés
par la douce mélodie que les
arbres et le vent, ensemble, enfantent. Des idées se chevauchent et
d'autres s'éteignent, tandis que le
paysage défile sous nos yeux, entre forêts denses et baies
désertes. Les jours suivants, le ciel s'assombrit,
les nuages s'amoncellent faisant disparaître les ondulations
verdoyantes de l'océan. De temps à autre, le ciel déverse ses
pleurs sur nos corps rendus insensibles par l'effort.
Traversée à marée basse
Chacune de nos journées
sont chronométrées, car plusieurs passages se traversent à gué,
durant la marée basse. Si les horaires ne sont pas respectés, la
marée haute empêche tout passage par la baie et le bush est si
dense qu'il ne permet aucune variante. Nous devrons, à maintes
reprises, nous déchausser et plonger, au mieux les pieds, au pire
les cuisses, dans une eau glaciale. Sabine devra se résoudre à ôter
son pantalon (la photo est censurée) pour parvenir à franchir la
Awaroa Bay où la mer semble s'être réfugiée sans vouloir se
retirer.
Traversée à marée plus haute
Mon
auberge était à la Croix du Sud
Les
nuits sous tente seront solitaires, nul autre que nous ne souhaitant
tenter l'expérience en camping en plein cœur de l'hiver austral.
Seul un adorable possum, un marsupial de la taille d'un chat, muni de
deux petites oreilles pointues, d'une queue d’écureuil et d'un
museau de souris, vient nous rendre une visite nocturne. Les
néo-zélandais tentent de limiter leur reproduction, nuisible aux
oiseaux endémiques. Sabine, quant à elle, en aurait bien ramener un
dans ses bagages.
Un chemin céleste
Nos
dîners, des pâtes carbonara réhydratées qui ont le mérite d'être
chaudes avant d'être goûteuses, se font à la lumière vacillante
d'une chandelle. Les sons des vagues se mélange à celui des gouttes
d'eau qui viennent heurter régulièrement notre frêle abri. Au
petit matin du troisième jour, nous nous réveillons, seuls face à
la mer, le lever du soleil illuminant l'horizon d'un rose irréel.
La lune a rendez-vous avec la mer
Notre
échappée en solitaire s'achève, à reculons, devant un petit abri
où un bus est censé nous récupérer. Après une heure d'attente
patiente, il n'y a toujours aucune trace de notre bus à l'horizon.
La vie en rose
De rares maisons, signe d'une présence humaine, peuplent les
alentours. Par chance, nous croisons une voiture. Son conducteur,
Nick, nous emmène jusqu'au prochain village. Il vit en communauté
sur cette baie reculée de Wanui, la « Tui spiritual and
education trust » et confectionne des bijoux avec des
produits recyclés. Nous apprendrons alors que la Nouvelle-Zélande
est le pays qui rassemble le plus de communautés au monde. N'y
aurait-il pas un air aurovillien régnant sur les austères campagnes
néo-zélandaises ?
Côte-à-côte
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