dimanche 25 août 2013

Rêveries sur l'Abel Tasman Trek

Le jour où la terre a tremblé

La terre ferme retrouvée, nous embarquons à bord d'un Naked Bus pour rejoindre la ville de Neslon, au nord de l'île du Sud, qui se trouve d'ailleurs « plus au nord que le sud de l'île du Nord » (vous suivez toujours ?) comme aime à le rappeler Jérémy. 

 Nervure sur macadam

Nous parvenons paisiblement à notre auberge, lorsque la réceptionniste nous accueille, avec la plus vive excitation: « Avez-vous ressenti le tremblement de terre ? ». A notre grand étonnement, nous apprenons que nous venions de traverser l'épicentre du séisme, d'une magnitude de 6.5 sur l’échelle de Richter, une heure auparavant sans ressentir la moindre secousse ! A Wellington que nous venions de quitter le matin-même, le tremblement de terre a été ressenti plus violemment, la capitale étant située à cheval sur la faille sismique.

 Vins à terre

En ce vendredi 16 Août, les répliques n'auront de cesse de se succéder, sans que nous soyons en capacité de sentir la terre bouger, alors même que tous les résidents de l'auberge les détectent sans la moindre hésitation. Nous sommes néanmoins aux aguets prêts à plonger sous la table au moindre signe d'alerte.

 Le Big Quake fait les gros titres

Le mouvement de la croûte terrestre, si perceptible en ce jour, nous rappelle la précarité de notre existence humaine. Rien de cette nature, qui nous paraît si facilement immuable, n'est définitivement acquis. Peu engageant pour notre projet de randonnée dans la région !

On a marché... sur la terre

La ville de Nelson est le point de départ d'une randonnée très populaire en été, mais désertée en hiver, l'Abel Tasman Coast Track, longeant la côte préservée de l'île du Sud. L’endroit est une page d'histoire française. Deux siècles plus tôt, le navigateur Dumont D’Urville cartographia la zone.

 
Premiers pas

Nous préparons avec minutie notre trek que nous réaliserons en complète autonomie. Nous veillons à n'emporter rien de superflu, réduisant notre paquetage à l'indispensable nécessaire : tente, duvet, matelas de sol, eau et vivres (déshydratés) pour quatre jours. 

 
La baie où prendre ancrage

Fin prêts, nous endossons nos lourds sacs à dos, Sabine se demandant comment elle allait supporter, durant les cinquante kilomètres qui nous attendent, la dizaine de kilogrammes qui lui cisaille déjà les épaules (bien qu’elle soit allée jusqu'à compter les pastilles désinfectantes de l'eau unes à unes dans l'espoir d'alléger sa charge). 

 La baie du pommier

Le jour de notre départ, le temps est exceptionnellement clément. Le sentier, parfaitement aménagé, large et lisse, s'enfonce dans une végétation dense.

Passerelle végétale

Les fougères arborescentes laissent échapper, ça et là, un panorama merveilleux sur des plages de sable fin ourlées d'une mer émeraude. Le bleu du ciel se reflète dans les yeux d'Aymeric, qui serait prêt à s'envoler de bonheur s'il avait les ailes des nombreux oiseaux qui pépient dans les arbres environnants. 

En pleine extase

Pas à pas, nous pénétrons dans le rythme lent de la marche, bercés par la douce mélodie que les arbres et le vent, ensemble, enfantent. Des idées se chevauchent et d'autres s'éteignent, tandis que le paysage défile sous nos yeux, entre forêts denses et baies désertes. Les jours suivants, le ciel s'assombrit, les nuages s'amoncellent faisant disparaître les ondulations verdoyantes de l'océan. De temps à autre, le ciel déverse ses pleurs sur nos corps rendus insensibles par l'effort. 

 Traversée à marée basse

Chacune de nos journées sont chronométrées, car plusieurs passages se traversent à gué, durant la marée basse. Si les horaires ne sont pas respectés, la marée haute empêche tout passage par la baie et le bush est si dense qu'il ne permet aucune variante. Nous devrons, à maintes reprises, nous déchausser et plonger, au mieux les pieds, au pire les cuisses, dans une eau glaciale. Sabine devra se résoudre à ôter son pantalon (la photo est censurée) pour parvenir à franchir la Awaroa Bay où la mer semble s'être réfugiée sans vouloir se retirer.

 
Traversée à marée plus haute

Mon auberge était à la Croix du Sud

Les nuits sous tente seront solitaires, nul autre que nous ne souhaitant tenter l'expérience en camping en plein cœur de l'hiver austral. Seul un adorable possum, un marsupial de la taille d'un chat, muni de deux petites oreilles pointues, d'une queue d’écureuil et d'un museau de souris, vient nous rendre une visite nocturne. Les néo-zélandais tentent de limiter leur reproduction, nuisible aux oiseaux endémiques. Sabine, quant à elle, en aurait bien ramener un dans ses bagages.

 Un chemin céleste

Nos dîners, des pâtes carbonara réhydratées qui ont le mérite d'être chaudes avant d'être goûteuses, se font à la lumière vacillante d'une chandelle. Les sons des vagues se mélange à celui des gouttes d'eau qui viennent heurter régulièrement notre frêle abri. Au petit matin du troisième jour, nous nous réveillons, seuls face à la mer, le lever du soleil illuminant l'horizon d'un rose irréel.

 La lune a rendez-vous avec la mer

Notre échappée en solitaire s'achève, à reculons, devant un petit abri où un bus est censé nous récupérer. Après une heure d'attente patiente, il n'y a toujours aucune trace de notre bus à l'horizon. 

La vie en rose

De rares maisons, signe d'une présence humaine, peuplent les alentours. Par chance, nous croisons une voiture. Son conducteur, Nick, nous emmène jusqu'au prochain village. Il vit en communauté sur cette baie reculée de Wanui, la « Tui spiritual and education trust » et confectionne des bijoux avec des produits recyclés. Nous apprendrons alors que la Nouvelle-Zélande est le pays qui rassemble le plus de communautés au monde. N'y aurait-il pas un air aurovillien régnant sur les austères campagnes néo-zélandaises ?

 Côte-à-côte

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire